odyssée - Notes du mont Royal

CHANT IX. 145
Lotophages ne songeaient pas à tuer nos compagnons;
mais ils leur donnèrent du lotus 1 à manger. Et quiconque
parmi eux avait mangé le fruit délicieux du lotus, ne se
souciait point de revenir, pour rendre compte de sa mission;
mais ils voulaient rester là, au milieu des Lotophages,
à savourer le lotus, et ne plus songer au retour. Je
les ramenai de force aux vaisseaux, malgré leurs larmes,
et les attachai sous les bancs, au fond des navires. Puis,
je donnai Tordre au reste de mes fidèles compagnons de
monter en toute hâte sur les rapides vaisseaux, de peur
que l'un d'entre eux, venant à goûter du lotus, n'oubliât
le retour. Ils s'embarquèrent sur-le-champ, prirent place
sur les bancs, et, assis en ordre, frappèrent de leurs rames
la mer écumante.
3. Nous poursuivîmes- notre course, le cœur affligé, et
nous arrivâmes au pays des fiers et indépendants Cyclopes,
qui, confiants dans les dieux immortels, ne cultivent
aucune plante ni ne labourent. Mais tout vient chez eux
sans être semé ni labouré, le blé, l'orge, et la vigne dont
les grosses grappes leur donnent le vin, et que font croître
les pluies de Jupiter. Ils n'ont ni lois, ni assemblées
délibérantes; 'ils habitent les sommets des montagnes
élevées, et gouvernent chacun leurs enfants et leurs femmes,
sans avoir aucun souci les uns des autres. Devant
le port du pays des Cyclopes se trouve une île petite et
boisée, où vivent des milliers de chèvres sauvages : car •
l'abord des hommes ne les effarouche point. Cette île
n'est point visitée par les chasseurs, qui se fatiguent dans
la forêt, en parcourant les cimes- des montagnes; elle
n'est pas non plus habitée par des pâtres ni par des laboureurs
; mais elle ne fut en aucun temps ensemencée
1
Hérodote qui décrit cet arbre (U.
96), compare la grosseur de
son fruit à celle de la baie du l^fpque, loffsq
et son'goût à celui de la
datte.
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