odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XX. 555
doucement de ces propos. Eurymaque» fils de Polybe,
prit la parole le premier : t II extravague, cet étranger,
arrivé récemment au palais. Hâtez-vous, jeunes gens, de
le mettre dehors et de le conduire à la place publique,
puisqu'il trouve qu'il fait nuit ici. » Théoclymène, semblable
aux dieux, lui répondit : ce Eurymaque, je ne te
demande personne pour guider mes pas. J'ai des yeux,
des oreilles, deux pieds, et l'esprit qui habite au dedans
de moi n'a souffert aucune atteinte. Avec cela, je sortirai
bien d'ici : car je vois le malheur prêt à fondre sur vous ;
et nul parmi vous ne saurait y échapper ni s'y soustraire,
vous tous, prétendants qui, dans le palais du divin Ulysse,
insultez les hommes et commettez d'odieux forfaits. » à
ces mots, il sortit du palais magnifique, et se rendit chez
Pirée qui l'accueillit avec bienveillance.
8. Tous les prétendants, se regardant les uns lesautres,
cherchaient à blesser Télémaque en le raillant sur ses
hôtes. Chacun de ces jeunes orgueilleux parlait ainsi :
ce Télémaque, il n'est personne plus malheureux en hôtes
que toi ; l'un est un misérable vagabond, manquant de
pain et de vin, sans industrie ni cœur, et qui n'est pour
la terre qu'un fardeau inutile ; et voilà l'autre qui se lève
pour faire le devin! Mais si tu m'en crois, et ce sera le
meilleur parti, nous jetterons ces étrangers dans un vaisseau,
garni de bons rameurs, et nous les enverrons en
Sicile, où nous tirerons d'eux un prix convenable. » Ainsi
parlaient les prétendants; mais Télémaque ne se mit
point en peine de leurs paroles ; il regardait son père
sans mot dire, attendant toujours le moment d'appesantir
son bras sur les prétendants audacieux. Assise en
face, sur un siège magnifique, la fille d'fcarius, la prudente-
Pénélope entendait ce que chacun disait dans la
salle. Ceux-ci apprêtaient en riant un festin agréable et
splendide : car ils avaient immolé un grand nombre de