odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XI. 185
vaisseau abordera dans l'Ile de Thrinacrie *. Vous y trouverez
paissants les boeufs et les grasses brebis du Soleil, qui
voit tout et entend tout. Si tu t'abstiens d'y toucher pour
assurer ton retour, alors- vous parviendrez à Ithaque, non
sans avoir souffert bien des maux. Si tu y touches, je te
prédis la perte de ton vaisseau et de tes compagnons;
dusses-tu échapper toi-même à la'mort, tu ne reviendras
que tard et à grand'peine, après avoir perdu tous tes compagnons,
et sur un navire étranger; tu trouveras dans ta
maison, en proie au malheur, des hommes hautains, qui
dévorent ton bien, briguent la main de ta divine épouse
et lui font des présents; mais, à ton retour, tu châtieras
leur insolence. Quand tu -auras tué les prétendants au
seîn de ton palais, soit par la rose, soit par la force et
avec l'airain acéré, pars alors, armé du solide aviron, jusqu'à
ce que tu arrives chez des peuples s qui ne connaissent
pas la mer, qui n'assaisonnent point avec le sel leurs
aliments, qui ne savent l'usage ni des -navires, aux flancs
rouges, ni dès solides avirons, ces ailes des navires. Tu
les reconnaîtras à un signe évident, qui ne t'abusera pas.
Lorsque tu rencontreras un autre voyageur qui te demandera
pourquoi tu portes un 'fléau sur ta brillante épaule,
alors enfonce dans la terre ton solide aviron; immole au
roi Neptune de belles victimes, un bélier, un taureau, un
sanglier qui saillit les laies; après quoi, -retourne daos
ta patrie, et offre des itecatombes sacrées aux dieux im-
1 e Est-il question Ici de îa Sicile? Cela est assez improbable, disent
les savants... Ulysse connaissait la Sicile? il ne l'eût pas appelée une
île déserte (chant XÎI) puisqu'elle était alors habitée par divers peuples,
les Sicanes, les SicuSes, les Cyelopes et les Lestrygons; il ne
l'eût pas décrite plus loin comme une terre qu'il voyait pour la première
fois. On peut répondre qu'Ulysse connaissait îa Sicile pour
avoir abordé sur un point de ses rivages, qu'il ne l'a jamais parcourue
: lorsqu'il y prend terre du côté opposé, il n'y a rien d'étonnant
à ce qu'il croie aborder dans une île nouvelle. » Sommer.
f Les Eirirntes.
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