odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XX. 345
nombre dans ces lieux. Je songe en outre dans mon esprit
à quelque chose \le plus important. En supposant
que je les tue, grâce à Jupiter et à toi, où trouverai-je un
refuge? Yoilà ce que je te prie d'examiner. » Minerve, la
déesse aux yeux étineelants, lui répondit à son tour :
« Malheureux ! on se fie souvent à un compagnon qui ne
me vaut pas, à un simple mortel, dont la prudence est
loin d'égaler la mienne; et moi, je suis une déesse, qui
t'assiste sans cesse dans tous tes travaux. Mais je vais te
parler sans détour : fussions-nous entourés de cinquante
légions d'hommes, à la voix articulée, brûlant de nous
tuer avec le fer, sache que tu emmènerais leurs bœufs et
leurs grasses brebis. Laisse-toi donc aller au sommeil :
il est triste de passer toute la nuit sans fermer l'œil : tu
seras bientôt affranchi de tes maux. » Elle dit et -versa
le sommeil sur ses paupières; la noble déesse retourna
dans l'Olympe, quand le sommeil l'eut saisi, dissipant les
soucis de son âme et déliant ses membres.
2. Cependant la prudente Pénélope se réveilla et se
mît à pleurer, assise sur son lit moelleux; et, quand son
cœur fut rassasié de larmes, la noble femme adressa
tout d'abord à Diane celte prière : « Diane, auguste
déesse, fille de Jupiter, que ne m'ôtes-tu la vie à l'instant
même, en me perçant le cœur d une de tes flèches ! ou
bien que ne suis-je enlevée par une tempête, qui m'emporte
à travers les roules de l'air et me précipite dans les
flots de l'Océan qui enveloppe la terre, comme autrefois
les tempêtes enlevèrent les filles de Pandarée * ! Les dieux
firent périr leurs parents : restées orphelines dans le palais,
la déesse Vénus les nourrit de fromage, de miel savoureux
et de vin délectable; Junon leur départit la beauté
et la sagesse au-dessus de toutes les femmes ; la chaste
1 Elles s'appelaient Camiro et Clylie, selon les uns; lérope etCSéo-
dorc, suivant d'autres.