odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XV. 271
qu'il déchirait et dont il répandait les plumes à terre entre
le vaisseau et Télémaque lui-même. Alors Théoclymène,
entraînant Télémaque à l'écart, lui saisit la main, prit la
parole etlui dit : « Télémaque, ce n'est point sans Tordre
d'un dieu que cet oiseau s'est envolé à droite : après l'avoir
regardé en face, je l'ai reconnu pour un augure. Il
n'est point de race plus royale que la vôtre dans le pays
d'Ithaque : à vous appartiendra toujours la puissance. ®
Le sage Télémaque lui répondit à son tour : « Puisse,
étranger, ta parole s'accomplir I car alors tu reconnaîtrais
bientôt mon amitié aux nombreux présents que tu recevrais
de moi, si bien que chacun, en te rencontrant, t'estimerait'heureux.
» 11 dit, et adressa la parole à Piréus,
son fidèle compagnon : ce Piréus, fils de Clylius, le plus
docile à mes ordres de tous mes compagnons qui m'ont
suivi à Pylos : emmène-moi cet étranger dans ta demeure :
traite-le avec tous les égards possibles, et honore-le jusqu'à
mon retour. » Pyréus, habile à manier la lance, lui
• répondit : ce Télémaque, dusses-tu faire ici un long séjour,
j'aurai soin de lui, et rien ne lui manquera de ce qu'on
doit à un hôte. » A ces mots, il monta sur le vaisseau, et
donna Tordre à ses compagnons de monter eux-mêmes,
et de détacher'les câbles. Ils s'embarquèrent aussitôt, et
s'assirent sur les bancs. Télémaque attacha sous ses pieds
de belles sandales, et prit sur le tillac du vaisseau une
forte lance, armée d'un fer aigu; et les matelots détachèrent
les câbles. Ils gagnèrent le large et cinglèrent
vers la ville, comme l'avait ordonné Télémaque, le fils
chéri du divin Ulysse. Pour lui, il s'avança d'un pas rapide,
jusqu'à ce qu'il arrivât à Tétable, où se trouvaient
les porcs nombreux, au milieu desquels dormait le bon
porcher, plein de zèle pour ses maîtres.