odyssée - Notes du mont Royal

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ni labourée; et, vide d'hommes, elle nourrit des chè¥res
bêlantes. C'est que lesCyclopesn'ontnas de navires aux
lancs teints en rouge, et qu'il n'y a point parmi eux de
charpentiers pour construire ces vaisseaux, au solide
tillac, qui fourniraient à tous, leurs besoins en visitant
les villes des hommes (comme il arrive souvent aux mortels
de traverser la mer sur des vaisseaux, afin de se voir
les uns les autres), ni pour faire de leur île un séjour
opulent. Car elle n'est point stérile, et porterait tous les
fruits, en leur saison : en effet, elle a, sur'les bords de
la mer êcumante, des prairies humides et molles, et la
vigne n'y périrait point. Le labourage serait facile, et
l'onjne manquerait pas d'y recueillir, dans la saison, d'abondantes
moissons. Le port est d'un accès commode :
il n'est besoin ni de câble 1 , ni de jeter des ancres de
pierres 1 , ni d'attacher le vaisseau"avec des amarres;
mais les matelots peuvent y séjourner longtemps, jusqu'à
ce que leur cœur les invite à partir et que les vents
viennent à souffler. D'ailleurs, au fond du port coule une
eau limpide ; la source est dans une grotte entourée de
peupliers. C'est là que nous abordâmes, conduits par un
dieu dans la nuit obscure, et nous n'aperçûmes point
le port. Car un brouillard épais enveloppait nos vaisseaux,
et la lune ne brillait pas au ciel, voilée qu'elle
était p§r des nuages. Nos yeux n'aperçurent point l'île, et
nous ne vîmes pas les vagues énormes se briser contre
le rivage, avant d'avoir abordé nos vaisseaux, pourvus de
bons rameurs. Les vaisseaux abordés, nous pliâmes toutes
les voiles et nous débarquâmes sur le rivage de la mer.
Là, nous attendîmes, endormis, le retour de l'aurore
1 11 s'agit du câble de la pouee, qui attachait le vaisseau au rivage
— t Au lieu d'ancre, on descendait dans la merde grosses pierres,
au moyen desquelles on lisait U^isseau au bord, si l'eau du rivage
était trop élevée.