odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XVIII. 311
montre le vieillard, débarrassé de ses haillons, i Voilà
comment ils parlaient; et l'âme diras était cruellement
agitée. Néanmoins les serviteurs l'amenèrent, après l'avoir
ceint de'force et malgré sa frayeur : or, les chairs tremblaient
autour de ses membres. Antinous prit la parole et
le gourmanda en ces termes : t Mieux vaudrait pour toi,
glouton, ne pas exister en ce moment et n'être jamais
lé, si tu trembles et redoutes à ce point un vieillard
épuisé par l'infortune qui Faccable. Mais je te le dis, et
ma parole-s'accomplira: s'il te vainc et a l'avantage, je
te jetterai dans un vaisseau noir et t'enverrai en Épire,
au roi Échétus % fléau de tous les mortels, pou&jqu'il te
coupe le nez et les oreilles avec l'airain cruel, t'arrache
les parties sexuelles et les donne crues à manger aux
chiens. » Il dit; et un tremblement plus grand encore
agita les membres d'Irus. On l'amena au milieu de l'assemblée;
puis, tous deux levèrent leurs bras. Alors le
patient et divin Ulysse délibéra en lui-même s'il frapperait
Iras de manière à ce qu'il tombât sans vie sur le
coup,, ou s'il le frapperait doucement et retendrait par
terre. Mais il lui sembla préférable, -après réflexion, de
le frapper doucement, afin que les Grecs ne devinassent
point qui il était. Alors donc, les deux champions ayant
levé les br'as, Iras frappa Ulysse à l'épaule droite; mais
Ulysse le frappa au cou, sous l'oreille, et lui brisa intérieurement
les os : et soudain un sang rouge lui sortit
par la bouche, et il tomba dans la poussière en hurlant ;
il claquait des dents et frappait du pied la terre. Alors
les fiers prétendants levant les mains, mouraient de rire.
Cependant Ulysse, ayant saisi Iru/s par le pied, le traîna
dehors, à travers le vestibule, jusque dans la cour -et à
l'entrée du portique; ensuite il l'assit, lé dos appuyé contre
1 Fils d'Eucbénor et de'Phlogée; selon