odyssée - Notes du mont Royal

CflAMT XXII. 585
Eoryclèe : i Viens, accours, bonne vieille, accablée d'an«
uées, toi qui surveilles les femmes de notre maison ! Tiens !
mon père l'appelle pour te parler. » C'est ainsi qu'il parla;
et, sans qu'aucune parole s'échappât de ses lèvres, elle
ouvrit les portes du superbe appartement,, et se mit en
marche, précédée de Télèmaque. Elle- trouva ensuite •
Ulysse au milieu de corps sans vie, et souillé de sang et
de poussière, comme un lion qui vient de dévorer la chair
d'un bœuf sauvage : sa poitrine et ses deux mâchoires
' sont toutes sanglantes; il est horrible à regarder en face :
de môme Ulysse avait les pieds et les mains salis. Quand
donc Euryclée vit ces cadavres et ces ruisseaux de sang,
elle s'apprêta à pousser des cris d'allégresse, parce qu'elle
• voyait une grande œuvre accomplie ; mais Ulysse l'arrêta
et réprima son envie; et, élevant la voix, il lui adressa ces
paroles ailées : « Béjouis-toi au fond du cœur, bonne vieille :
eontiens-toi et ne pousse pas de cris : il est impie de triompher
de la mort des hommes : c'est la justice des dieux et
leurs méchantes actions qui les ont accablés : ils ne respectaient
aucun des hommes vivant sur la terre, qui venait les
trouver, fût-il bon ou méchant: aussi, pour prix de leurs
iniquités, ont-ils subi un destin affreux. Mais allons, énuinère-moi
les femmes du palais qui m'ont outragé et
celles qui sont innocentes. » Sa chère nourrice Euryclée
lui répondit alors : M Oui certes, mon fils, je te dirai la
vérité. Il y a cinquante femmes, attachées au service du
palais, auxquelles nous avons appris à exécuter différents
ouvrages, à carder la laine et à supporter la servitude :•
douze en tout, parmi elles, en sont venues à l'impudence,
sans respect pour moi, ni pour Pénélope elle-même. Télèmaque
Commençait à grandir, et sa mère ne permettait
pas qu'il donnât des ordres aux femmes. Mais, je vais remonter
dans le magnifique appartement, pour prévenir
Ion épouse, à laquelle une divinité a envoyé le sommeil. »
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