odyssée - Notes du mont Royal

m ODYSSEE.
fleuve, avant le jour. Que si je gravis la colline, et qu'entrant
dans ce bois touffu, je m'étende sous ces taillis
•épais, dussé-je, insensible au froid et à la fatigue, goûter
les douceurs du sommeil, je crains de devenir la proie
et la pâture des bêtes sauvages. » Après avoir ainsi délibéré,
ce dernier parti lui sembla le meilleur. Il prit donc
le chemin du bois, qu'il trouva, près du fleuve, "sur une
hauteur : il se blottit sous deux arbrisseaux nés à la
même place : l'un était un olivier sauvage, l'autre un olivier
franc : ni les vents, au souffle humide, ni les rayons
ardents du soleil ne les perçaient, ni la pluie ne les traversait
jamais : tant ils avaient poussé drus et entrelacés!
Ulysse, après avoir pénétré sous ces arbres, amassa aussitôt
avec ses mains de quoi se faire un vaste lit de feuilles :
car il y avait là une grande quantité de feuilles, assez,
pour couvrir deux ou trois hommes, dans la saison d'hiver,
quelle qu'en soit la rigueur. Le divin et patient Ulysse
se réjouit à cette vue : il se coucha- au milieu de ces
feuilles, et en répandit sur tout son corps. Comme un
homme, habitant dans une campagne isolée, loin de tout
voisinage, enfouit un tison sous la cendre noire, pour
conserver le germe du feu qu'il ne pourrait allumer à un
autre foyer: de même Ulysse se blottit sous les feuilles;
Minerve répandit le sommeil §ur les yeux du héros et
voila ses paupières, pour mettre au plus vite uo terme à
ses cruelles fatigues.