odyssée - Notes du mont Royal

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avaient péri avec lui et subi la destinée dans la demeure
d'Égistbe. 11 me reconnut aussitôt qu'il eût bu le sang
noir. Il jetait des cris perçants, fondant en larmes et tendant
vers moi les bras, dans le désir de m'embrasser;
mais ses muscles avaient perdu leur force, et la vigueur
ne résidait plus comme autrefois dans 'ses membres
flexibles. A sa vue, je pleurai, mon cœur fut ému de pitié,
et je lui adressai ces paroles ailées : « Glorieux fils d'Atrée,
roi des guerriers, Âgamemnon : comment as-tu
succombé à la mort, qui couche l'homme dans la tombe?
Est-ce Neptune qui t'a submergé dans tes navires, en
soulevant le souffle impétueux des vents terribles? ou
bien des guerriers ennemis t'ont-ils tué sur le continent,
" alors que tu enlevais leurs bœufs et leurs gras troupeaux
de brebis ou que tu combattais pour la possession de
leur ville et de leurs femmes? » Je dis; et lui, prenant
aussitôt la -parole, me répondit : a Noble fils de Laerte,
industrieux Ulysse : Neptune ne m'a pas submergé avec '
mes navires, en soulevant le souffle impétueux des vents
terribles; des guerriers ne m'ont pas tué non plus sur le
continent : c'est Égisthe, qui, travaillant à ma perte, m'a
assassiné de concert avec ma pernicieuse épouse, après
m'avoir convié et traité dans sa demeure ; et il m'a tùé
comme on assomme un bœuf sur la crèche. Voilà comment
je suis mort d'une mort vraiment pitoyable : autour
de moi, mes autres compagnons étaient égorgés sans
pitié, comme on égorge des porcsf aux dents blanches,
dans la maison d'urfhomme puissant et riche, pour une
noce, ou pour un festin par écot, ou pour un splendîde
banquet. Tu as assisté plus d'une fois au meurtre d une
foule de guerriers, tués isolément, dans la mêlée terrible;
mais c'est à ce spectacle surtout que ton cœur eût été
ému de pitié, en nous voyant gisants dans le palais, autour
du cratère et des tables chargées de mets; le sol