odyssée - Notes du mont Royal

112 ODYSSEE.
pour loi des sentiments bienveillants, espère alors revoir
tes §mis, et rentrer dans ta-demeure, au toit élevé, et sur
le sol de ta patrie. )>
2. Après avoir ainsi parlé, Minerve, aux yeux étincelants,
s'élança sur la terre inféconde, et quitta la charmante
Schêrie; elle arriva à Marathon, puis à Athènes,
aux larges rues, et entra dans la forte demeure d'Érechthée
1 . Cependant Ulysse approchait dû palais fameux
d'Alcinoûs; mais, avant de franchir le seuil d'airain, il
s'arrêta, le cœur agité de mille pensées. Tel est, en effet,
l'éclat brillant du soleil ou de la lune, telle était la splendeur
du palais, à la voûte élevée, du magnanime Alcinoûs.
Car des murailles d'airain avaient été établies des
deux côtés, depuis le seuil jusqu'au fond de la cour; une
corniche d'émail régnait tout autour; et des portes d'or
fermaient intérieurement la solide maison. Sur le seuil
d'airain se dressait un chambranle d'argent; le linteau
était d'argent, l'anneau était d'or. De chaque côté étaient
des chiens d'or et d'argent, que Vulcain avait façonnés
avec une merveilleuse habileté, pour garder la demeure
du magnanime Alcinoûs : ils étaient immortels et exempts
à jamais de la vieillesse. Dans l'intérieur, des sièges
étaient adossés contre la muraille, de distance en distance,
depuis le seuil jusqu'au fond; des voiles de fine
étoffe, tissus, avec art, les recouvraient : c'était l'ouvrage
des femmes : là, s'asseyaient les chefs des Phéaciens,
pour boire et pour manger : car leurs banquets étaient
sans fin. Sur de solides piédestaux se dressaient des statues
d'or, représentant des jeunes garçons, qui tenaient
dans leurs mains des flambeaux allumés, et éclairaient,
pendant la nuit, la salle du festin. Cinquante esclaves
travaillaient dans le palais pour Alcinoûs : les unes
1 II s'agit sans doute d'un temple bâti par Érechtliée à Minerve.