odyssée - Notes du mont Royal

310 * ODYSSÉE.
et se rassemblèrent autour des mendiants déguenillés.
Antinous, fils d'Eupifhès, leur dit : « Écoutez, nobles pré- .
tendants, ce que j'ai à vous dire. Voici des ventres de
chèvres, exposés à la flamme, et que nous avons réservés
pour le repas du soir, après les avoir remplis de graisse
et de sang : que celui des deux qui sera vainqueur et obtiendra
l'avantage se présente et en choisisse un à son
gré; de plus, il participera toujours à nos festins, et nous
ne souffrirons pas qu'aucun autre indigent pénètre auprès
de nous pour mendier. » Ainsi parla Antinous, et tous -
approuvèrent son langage. Alors l'ingénieux Ulysse,* méditant
une ruse, leur dit : ce Amis, le combat n'est pas égal
entre un jeune homme et un vieillard épuisé par le malheur;
mais mon ventre maudit m'excite à la lutte, pour
que je périsse sous les coups. Eh bien ! jurez-moi tous
par un serment solennel qu'aucun de vous, prêtant secours
à Iras, ne me frappera traîtreusement de sa lourde
main, et ne l'aidera à me terrasser, s 11 dit, et tous jurèrent
comme il le demandait. Alors le divin Télêmaque
prit à son tour la parole : « Étranger, si ton-courage et
ton cœur magnanime t'excitent à repousser cet homme, tu
n'as rien à redouter des autres Grecs : quiconque te frapperait,
s'attirerait plus d'un adversaire. C'est.moi qui
suis ton hôte, et les rois Eurymaque et Antinous, tous
deux pleins de sagesse, partagent mon sentiment. » 11 dit
et tous applaudirent. Cependant Ulysse se ceignit avec
ses haillons autour des parties honteuses, et fit voir ses
belles et fortes cuisses; ses larges épaules, sa poitrine et
ses bras nerveux furent mis à nu; et Minerve, s approchant,
développa encore les membres du pasteur des peuples.
Tous.les prétendants étaient au comble de Sa surprise,
et chacun d'eux disait en regardant son voisin : ce Assurément,
Irus ne sera bientôt plus Iras; et il trouvera le
mal qu'il a cherché, s'il faut en juger par la cuisse que