odyssée - Notes du mont Royal

CHâNT XL IS9
cher de boire toutes ensemble le sang noir. Elles s'avancèrent
l'une après l'autre, et chacune m'exposa son origine-,
et je les interrogeai toutes. Là, je vis d'abord Tyro,
fille d'un noble père : elle me dit qu'elle était issue de l'irréprochable
Salmonée, et qu'elle avait été femme de Cré-_
thée, fils d'ÉolâfsJEprise du divin Enipée 1 , le plus beau de
beaucoup des fleuves qui arrosent la terre, elle fréquentait
les belles rives de l'Énipée ; Neptune, le dieu qui soutient
• la terre, ayant pris la figure de ce dieu, se coucha auprès
d'elle à l'embouchure du fleuve, plein de tournants : et la
vague purpurine s'éleva et s'arrondit, pareille à une montagne,
cachant et le dieu' et la femme mortelle. [Neptune
lui délia sa ceinture virginale, et versa le sommeil sur ses
yeux.] Puis, quand le dieu eut satisfait son amour, il lui
saisit la main, prit la parole et lui dit : i Femme, sois heureuse
de mes embrassements : Tannée révolue, tu mettras
au monde de beaux enfants : car la couche des Immortels
n'est point stérile. Aie soin de les nourrir et de
les élever. Retourne maintenant à ta demeure, sois •discrète,
et ne me nomme pas : sache que je suis Neptune,
le dieu qui ébranle la terre. » A ces mots, il se plongea
au sein de la mer agitée. Tyro, devenue grosse, mit au
_ monde Pélias et Nèlée, qui devinrent tous deux les vaillants
serviteurs 2 du grand Jupiter : Pélias habita la spacieuse
lolchos s , et Nélée la sablonneuse Pylos ^J^a noble
reine donna à Gréthée d'autres fils, iEson, Phérès et Amythaon
qui se plaisait à combattre sur un char. Après Tyro,
je vis Antiope, fille d'Asopus, qui se vantait d'avoir dormi
entre les bras de Jupiter : elle enfanta deux fils, Amphion
et Zéthus, qui jetèrent les premiers fondements de Thèbes 5
1 Fleuve de la Thessalie, sur laquelle régnait Salmonée. — 'C'est
ainsi que les rois sont qualifiés. — 3 Ville de la Thessalie, au fond du
golfe Pagasélique. — ê Ville de laMessénle, sur la côte, d'où l'épiihète
de êablofmme. — 5 C'est la Thèbes de Béolie, sur l'Isménus.
Yoyez Paumnms, liv. IX, ch. xiv.