odyssée - Notes du mont Royal

212 ODYSSÉE.
les combats j les javelots bien polis, et les flèches, toutes
choses affreuses, qui font frissonner les autres hommes.
J'y trouvais mon plaisir, parce qu'un dieu avait mis ces
inclinations dans mon cœur : car chaque homme est
charmé par des soins différents. En effet, avant que les
fils des Grecs arrivassent à Trofe, neuf fois je commandai
des guerriers, et conduisis de rapides vaisseaux contre
des peuples étrangers, et tout me réussissait à souhait :
dans le butin, je choisissais ce qui me plaisait, elle sort
m'attribuait ensuite une belle part; ma maison s'enrichit
en peu de temps, et je devins puissant et respecté parmi
les Cretois. Mais, lorsque Jupiter, aux vastes regards, ordonna
ce funeste voyage, qui causa la perte de tant de
héros, ils m'ordonnèrent à moi et au glorieux Idomênée
de conduire leurs vaisseaux à llion : il n'y avait pas
moyen de refuser, et je craignais d'encourir les reproches
du peuple. Là, guerroyèrent pendant neuf ans les fds des
Grecs : la dixième année, après avoir saccagé la ville de
Priam, nous nous embarquâmes pour retourner dans
notre patrie; mais un dieu dispersa les Grecs. Pour moi,
malheureux, Jupiter prévoyant me prépara des maux :
car je ne reslai qu'un mois à me réjouir avec mes enfants
et mon épouse légitime, au sein des richesses; et bientôt
après mon cœur me poussa à faire voile pour l'Egypte
avec des vaisseaux bien équipés et des compagnons semblables
aux dieux. J'équipai neuf vaisseaux, et les guerriers
ne furent pas longs à se rassembler. Pendant les six
jours qui suivirent, mes fidèles compagnons festinèrent :
je leur donnai quantité de victimes pour faire des sacrifices
aux dieux et fournir à leurs propres repas. Le septième
jour, nous quittâmes la vaste Crète, et, poussés par
le souffle vif et agréable de Borée, nous voguâmes aussi
-facilement que si nous eussions descendu le cours d'un
fleuve, aucun de mes vaisseaux ne fut endommagé; nous