odyssée - Notes du mont Royal

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à te renvoyer. Mais, allonss coupe de longs ais, conslruïstoi
avec l'airain un large radeau, et surmonte-le d'un lillac
élevé, pour qu'il puisse te porter sur la mer brumeuse.
Moi, j'y déposerai, en quantité suffisante, du pain, de
l'eau et du vin rouge, qui te mettront à l'abri de la faim.
Je te fournirai des vêtements, je t'enverrai en poupe un
vent favorable : afin que tu reviennes sain et sauf dans ta
patrie-, puisqu'ainsi le veulent les dieux, habitants du
vaste ciel, qui savent mieux que moi et juger et résoudre.
» Elle dit; et le patient, le divin Ulysse tressaillit;
et, élevant la voix? il lui adressa ces paroles ailées : « Tu
songes assurément, déesse,.à toute autre chose qu'à mon
départ, toi qui m'ordonnes de traverser sur un radeau ce
vaste gouffre de la mer, gouffre terrible et périlleux que
ne peuvent franchir des navires bien proportionnés, au
vol rapide, auxquels Jupiter envoie un vent favorable. Non,
je ne monterai pas sur. un radeau, malgré toi, à moins
que tu ne consentes, déesse, à me jurer par le plus
grand des serments, que tu ne formeras point contre moi
d'autre mauvais dessein. ».U dit ; et Calypso, noble entre
les déesses, sourit : elle lui saisit la main, prit la parole
et lui dit : ce 11 faut que tu sois bien rusé et doué d'une
profonde sagesse, pour songer à me tenir un pareil langage.
J'atteste aujourd'hui la terre, et le ciel qui la
couvre, et l'eau souterraine du Styx 1 , (et c'est le serment
le plus grand et le plus terrible qui existe pour les'dieux
bienheureux) que je ne formerai point contre toi d'autre
. mauvais dessein. Mais je pense et te conseillerai tout ce
que je me conseillerais à moi-môme, si pareille nécessité
pesait sur moi. Car mon esprit est plein de droiture : je
n'ai pas dans la poitrine un cœur de fer, mais un cœur
compatissant. » Après avoir ainsi parlé, la noble déesse
1 Sur le serment par le Styx, Voyez, limdef page 52, la note.