odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XXII. 387
s'échapper. Le sage Télémaque prit la parole et dit aux
pasteurs : « Je ne veux point faire périr d'une mort honorable
ces femmes qui nous ont couverts d'opprobre, moi
et ma mère, et ont couché avec les prétendants. » 11 dit, et
ayant pris un câble de navire, à la proue azurée, il l'attacha
à une colonne élevée, et le tendit autour du pavillon,
assez haut pour que nulle ne touchât la terre avec ses
pieds. Telles que des grives, au vol rapide, ou des colombes
donnent dans un filet tendu au milieu des buissons :
elles rentraient à leur nid, et c'est une couche odieuse
qui les reçoit; telles ces femmes avaient leurs têtes rangées
sur la môme ligne, et le cou serré par un lien, afin qu'elles
mourussent de la mort la plus pitoyable : elles agitèrent
leurs pieds un moment, mais ce ne fut pas long.
7. Ensuite ils amenèrent Mélanthée à travers le vestibule
et la cour : ils lui tranchèrent le nez et les oreilles
avec l'airain acéré, lui arrachèrent les parties sexuelles,
qu'ils donnèrent à dévorer aux chiens; et, dans l'excès de
leur colère, ils lui coupèrent les pieds et les mains;
ensuite, après s*être lavé les mains et les pieds, ils revinrent
trouver Ulysse : leur fâche était accomplie. Alors le
héros adressa la parole à sa chère nourrice Euryclée :
a Apporte-moi le soufre, bonne vieille; apporte aussi du
feu, pour que je purifie la salle; puis, invite Pénélope à
venir ici avec le^femmes, ses suivantes : ordonne à toutes
les servantes de se rendre en ce lieu. » Sa chère nourrice
Euryclée lui répondit à son tour : «Ce que tu dis-là est
fort sensé assurément, mon enfant; mais je vais t'apporter
des vêtements, une tunique et un manteau : ne reste point
dans ton palais en cet état, tes larges épaules couvertes de
haillons : on pourrait le trouver mauvais. » L'ingénieux
Ulysse* prenant la parole à son tour, lui répondit : a C'est
du feu qu'il me faut maintenant, avant tout, dans le palais.
» il dit; et sa chère nourrice Euryclée s'empressa