odyssée - Notes du mont Royal

CHANT XVII. 389
qu'elle mette fin à ses lamentations déplorables et à ses
gémissements, mêlés de larmes, avant de m'avoir .vu.
Pour loi, ?oici l'ordre que je te donne : conduis ce .malheureux
étranger à la.ville, pour qu'il y mendie sa subsisr
tance : lui donne, qui voudra» un morceau de pain et une
coupe de vin: il. ne m'est pas possible,.au,milieu, des
maux que mon cœur éprouve, d.e prendre, à ma.charge
tous les hommes. Si l'étranger .se fâche, par trop, tant
pis pour lui:..car j'aime, à dire, la vérité. » L'ingénieux
Ulysse, prenant la parole à son tour,.lui répondit :A O.mon
ami, je ne souhaite pas du tout moi-même d'être retenu
ici. Mieux vaut pour un mendiant mendier sa subsistance
à la ville, qu'aux.champs : me donnera qui voudra. Car je
ne suis .plus d'âge à rester dans des étables, pour obéir
en tout .aux ordres d'un maître. Va donc : cet homme me
conduira, ainsi que tu l'ordonnes, aussitôt que je me.serai
chauffé au feu, et que la chaleur du soleil se fera
sentir ;' car j'ai des vêtements furieusement mauvais, et
je crains que le froid du matin ne me saisisse : or, vous
dites que.la ville.est loin. » Il dit, et Télémaque sortit de
l'étable, et s'avança d'un pas rapide, méditant la raine
des prétendants. Lorsqu'il fut. arrivé.au.superbe palais,
il porta sa lance contre une haute colonne où il l'appuya;
et, franchissant le seuil de. pierre, il entra. Là nourrice
Euryclée,.qui étendait des toisons sur les sièges habile*
ment façonnés, fut de beaucoup la première à, l'aperce*
vflir: elle alla aussitôt droit à lui en pleurant; et les
antres servantes de FintrepideUlysse.se portèrent autour
de Télémaque, et lui baisèrent de bon.cœur la tête et les
épaules. La prudente Pénélope descendit de sa chambre,
pareille à Diane et .à Vénus la toute d'or : elle entoura de
ses deux bras,, en pleurant, son fils chéri, couvrit de bai*
sers sa tête et ses beaux yeux, et lui adressa, toute en
larmes, ces paroles ailées: « Te voilà revenu, Télémaque,
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