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Dans L’Humanité du 5 juin, François Billoux, député communiste des
Bouches-du-Rhône, recommande au gouvernement de loger les rapatriés
« dans les châteaux de l’OAS » : « Ne laissons pas les repliés d’Algérie
devenir une réserve du fascisme. »
Sur les harkis déferlent les monstruosités de l’apocalypse. Les
nouveaux maîtres de l’Algérie foulent rapidement les nébuleuses
promesses de pardon qu’ils leur avaient dispensées. Ils se vengent. Tenus
par la France de rendre leurs armes, privés de protection, sans défense,
les « traîtres » sont livrés, par unités entières, par villages entiers, par
familles entières, à leurs bourreaux, qui leur crèvent les yeux, leurs
coupent les nez, les oreilles, les lèvres, leur arrachent la langue, les
plongent dans des chaudrons d’eau bouillante, les empalent, les
embrochent, les émasculent, les égorgent, les dépècent à la tenaille, salent
leurs plaies, les lapident, les brûlent vifs, les enterrent vivants… Des
250 hommes du commando Georges qui, le 27 août 1959, avaient défilé
fièrement, à Saïda, devant le général de Gaulle, une poignée seulement
va échapper à la mort.
Né en Kabylie, Mohand Hamoumou, fils de harki, témoignera :
*
« La plupart furent humiliés et torturés publiquement,
longuement, avec un luxe de raffinement dans l’horreur. La mort
était une délivrance, d’où la recherche de morts lentes pour faire
durer l’expiation. Le supplice est destiné à rendre infâme celui qui
en est la victime et à attester le triomphe de celui qui l’impose. Plus
le doute est permis sur l’infamie de l’accusé, plus le supplice doit
être démesuré pour persuader l’assistance de la culpabilité de la
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victime . »
« Un massacre honteux pour la France, comme pour l’Algérie », dira
Jean Lacouture dans Télérama du 13 septembre 1991. Dominique
Schnapper, dans Le Monde du 4 novembre 1999 : « La France s’est mal
conduite. Elle n’a pas respecté sa parole pour des raisons politiques. Elle
a abandonné à la vengeance de ses ennemis ceux qui étaient engagés
pour elle. » Et Simone Veil, le 18 mars 2010, lors de sa réception à