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inconfortables et deux petits appartements. Les consignes du général de
Gaulle traduisent son impatience : « Réussissez ou échouez, mais surtout,
ne laissez pas la négociation se prolonger indéfiniment. D’ailleurs, ne
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vous attachez pas au détail. Il y a le possible et l’impossible . »
Il trépigne. Georges-Marc Benamou écrira : « De Gaulle est
omniprésent. De Paris, il se tient au courant en permanence. Les témoins
parlent d’un véritable “harcèlement téléphonique”. Louis Joxe est au
rapport plusieurs fois par jour, tandis qu’à l’autre bout du fil, le Général
veut tout savoir, tout contrôler, tout décider. Il interrompt et presse
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toujours plus les négociateurs d’aboutir . »
Insensible aux « jérémiades » des pieds-noirs, il ne les entend pas crier
leur désarroi dans de pathétiques concerts de casseroles. Dès que la nuit
tombe, ils éteignent les lumières de leurs logements afin de ne pas être
repérés par les gendarmes mobiles qui patrouillent à la recherche de
sympathisants de l’OAS. Et cognent, cognent, cognent, « Al-gé-rie française
! Al-gé-rie fran-çaise ! Al-gé-rie fran-çaise ! », cabossant le fond de
leurs ustensiles de cuisine.
En 1962, les métropolitains se désintéressent, eux aussi, de l’avenir de
leurs compatriotes du Grand Sud. Indifférence doublée d’une hostilité
croissante à l’encontre de ces « rastaquouères, tapageurs et égoïstes,
agrippés à leurs privilèges de colons », pour lesquels des milliers de
jeunes appelés « se sont fait trouer la peau » et qui, maintenant, menacent
la République.
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Le sang de ces « fauteurs de guerre » ne cesse de couler. Le 1 janvier,
une bombe à Bône : un mort et sept blessés. Le 2, six attentats à Alger :
trois morts et une dizaine de blessés ; un assassinat à Constantine ; trois à
Oran. Le 3, quarante morts sur l’ensemble de l’Algérie, dont seize à
Oran, trois à Alger, trois à Constantine et six à Bône, ainsi que soixantedix-huit
blessés. Le 4, sept attentats à Alger, un assassinat à
er
Constantine… Le 1 février, trente-sept attentats, huit morts et trente-huit
blessés. Le 2, deux morts à Alger, trois à Oran. Le 3, dix-huit morts et
quatorze blessés. Le 4, trois morts à Alger, quatre à Oran. Le 5, trente et
un attentats : seize tués et vingt-cinq blessés. Le 6, douze morts et huit
blessés à Alger, sept morts et six blessés à Oran… Des bilans que la
métropole tait ou minore. Donc, ils n’émeuvent pas grand monde.