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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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Joseph Pinto

Disparu le 5 juillet 1962 à l’âge de 58 ans

Dans la matinée du 6 juin 1958, le général de Gaulle, à Oran, avait

lancé à la foule :

« La France est ici ! Elle est ici pour toujours […]. Vive Oran,

ville que j’aime et que je salue, bonne, chère grande ville française.

Vive la République ! Vive la France ! »

L’après-midi, à 90 kilomètres de là, à Mostaganem :

« Il est parti de cette magnifique terre d’Algérie un mouvement

exemplaire de rénovation et de fraternité […]. Vive Mostaganem !

Vive l’Algérie ! Vive la République ! Vive la France !… Vive

l’Algérie française ! »

Quatre ans plus tard, à Oran, il n’y a plus de « ville que j’aime », plus

de « bonne, chère grande ville française », plus d’« Algérie Française »,

plus de « magnifique terre d’Algérie ». La France n’est plus « ici pour

toujours ». Le général de Gaulle relègue ses compatriotes de là-bas au

rang de « braillards » incapables de comprendre l’orgueilleuse vision

qu’il ambitionne pour la France dans le concert des nations ! Dans la

soirée du 18 mars 1962, se félicitant des accords d’Évian, « solution du

bon sens » qui « a fini par l’emporter sur la frénésie des uns,

l’aveuglement des autres, les agitations de beaucoup », il a tiré un trait

sur ses précédents engagements envers une population qui, en juin 1958,

l’avait acclamé. D’un geste, selon lui empreint de grandeur, il a tourné la

dernière page d’un chapitre qu’il compte léguer à la glorieuse Histoire de

son « cher et vieux pays », dans la lignée de ses illustres prédécesseurs,

Vercingétorix, le chevalier Bayard, Jeanne d’Arc, Henri IV… Il a refermé

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