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refuge de bandes. Je souhaite que des indices nous permettent de le
suivre et de le retrouver […].
Croyez à mes sentiments de sympathie. Je vous assure des liens
très étroits qui unissent les membres de cette grande famille qu’est
e
le 27 BCA. Je vous exprime ma profonde et sincère affliction. »
Assi Ben Okba. Un village agricole. Des rues rectilignes, certaines
bordées d’arbres, se croisant à angle droit, une église, une mairie, un
monument aux morts et des cultures qui se perdent dans l’horizon. Il
s’agit d’un des trente-cinq anciens centres de colonisation créés en 1848
afin de mettre en valeur cette contrée ingrate que gangrènaient la garrigue
et le maquis, au sous-sol caillouteux rongé par les racines tenaces des
palmiers nains. La France s’y débarrassait de ses ressortissants les plus
contestataires ou les plus déshérités auxquels elle promettait, à défaut
d’un avenir radieux, une existence moins misérable.
Le 24 mai 1850, le gouverneur général d’Algérie faisait diffuser un
« avis aux cultivateurs » : « Il existe un certain nombre de concessions
disponibles dans les colonies agricoles des provinces d’Oran et de
Constantine. L’administration en disposera, de préférence, en faveur des
cultivateurs français et mariés, résidant en Algérie depuis plusieurs
années. » Les candidats sélectionnés bénéficieraient d’une série
d’« avantages » : « Une maison en bonne maçonnerie ; des terres en
partie défrichées ; des instruments aratoires, des bestiaux ; des vivres
pendant un an pour toute la famille. » Pièces à fournir : « Actes de
naissance pour tous les membres de la famille ; acte de mariage ;
certificat de bonnes vie et mœurs ; certificat de profession agricole ;
certificat d’aptitude physique, délivré par le médecin. » Précision : « Les
familles les plus nombreuses seront préférées, quand elles posséderont
des enfants en état de travailler. »
En réalité, les promesses d’« avantages » se concrétisaient rarement et
les « cultivateurs » remplissaient les cimetières. Le manque d’hygiène, la
nourriture insuffisante, les travaux harassants, les étés brûlants, les
accidents, les épidémies, l’absence de soins, les serpents, les insectes et
les bandes armées arabes taillaient sans pitié dans cette population de
réprouvés. En 1851, près de la moitié des premiers « colons » étaient
morts ou avaient abandonné. De nouveaux flots de pauvres bougres les