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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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refuge de bandes. Je souhaite que des indices nous permettent de le

suivre et de le retrouver […].

Croyez à mes sentiments de sympathie. Je vous assure des liens

très étroits qui unissent les membres de cette grande famille qu’est

e

le 27 BCA. Je vous exprime ma profonde et sincère affliction. »

Assi Ben Okba. Un village agricole. Des rues rectilignes, certaines

bordées d’arbres, se croisant à angle droit, une église, une mairie, un

monument aux morts et des cultures qui se perdent dans l’horizon. Il

s’agit d’un des trente-cinq anciens centres de colonisation créés en 1848

afin de mettre en valeur cette contrée ingrate que gangrènaient la garrigue

et le maquis, au sous-sol caillouteux rongé par les racines tenaces des

palmiers nains. La France s’y débarrassait de ses ressortissants les plus

contestataires ou les plus déshérités auxquels elle promettait, à défaut

d’un avenir radieux, une existence moins misérable.

Le 24 mai 1850, le gouverneur général d’Algérie faisait diffuser un

« avis aux cultivateurs » : « Il existe un certain nombre de concessions

disponibles dans les colonies agricoles des provinces d’Oran et de

Constantine. L’administration en disposera, de préférence, en faveur des

cultivateurs français et mariés, résidant en Algérie depuis plusieurs

années. » Les candidats sélectionnés bénéficieraient d’une série

d’« avantages » : « Une maison en bonne maçonnerie ; des terres en

partie défrichées ; des instruments aratoires, des bestiaux ; des vivres

pendant un an pour toute la famille. » Pièces à fournir : « Actes de

naissance pour tous les membres de la famille ; acte de mariage ;

certificat de bonnes vie et mœurs ; certificat de profession agricole ;

certificat d’aptitude physique, délivré par le médecin. » Précision : « Les

familles les plus nombreuses seront préférées, quand elles posséderont

des enfants en état de travailler. »

En réalité, les promesses d’« avantages » se concrétisaient rarement et

les « cultivateurs » remplissaient les cimetières. Le manque d’hygiène, la

nourriture insuffisante, les travaux harassants, les étés brûlants, les

accidents, les épidémies, l’absence de soins, les serpents, les insectes et

les bandes armées arabes taillaient sans pitié dans cette population de

réprouvés. En 1851, près de la moitié des premiers « colons » étaient

morts ou avaient abandonné. De nouveaux flots de pauvres bougres les

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