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L’avocat Pierre Lagaillarde, l’un des instigateurs du 13 mai 1958,
député sans étiquette, depuis les élections législatives du 30 novembre
1958, de la première circonscription d’Alger-Ville, Jean-Jacques Susini,
président, depuis un an, de l’Association générale des étudiants d’Algérie
(AGEA), Joseph Ortiz, dit « Jo », un militant d’extrême droite, fondateur
du Front national français (FNF), patron du bar algérois Le Forum, qui
avait été mêlé à l’attentat au bazooka, le 16 janvier 1957, contre le
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général Salan , et un agriculteur de la plaine de la Mitidja, Robert
Martel, alias « le Chouan », comptent reproduire le scénario qui avait
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précipité la chute de la IV République.
Ils appellent les Algérois à la grève générale et à un rassemblement sur
le plateau des Glières. Créées en 1955 après les émeutes du
Constantinois, les unités territoriales (UT), composées de réservistes de
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l’armée, se mobilisent .
Le 24 janvier, un dimanche, en début d’après-midi, malgré
l’interdiction de manifester, 30 000 personnes se pressent square
Laferrière et en plusieurs points de la ville. Discours vibrants entrecoupés
de La Marseillaise et du Chant des Africains. Des barricades se dressent
rue Michelet et rue Charles-Péguy. Sur l’une d’elles, une banderole :
« Vive Massu ! »
À 18 heures, Paul Delouvrier et le général Challe donnent l’ordre de
dispersion. Les gendarmes mobiles qui, depuis le matin, bloquent l’accès
au Gouvernement général, square Laferrière, tentent de refouler les
manifestants vers Bab el Oued. Soudain, à 18 h 14, des coups de feu, des
rafales de fusils-mitrailleurs.
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Le calme ne revient qu’avec l’arrivée des parachutistes du 1 REP
(régiment étranger de parachutistes), à 18 h 35. Ils s’interposent. Mais le
bilan est lourd : vingt-deux morts, dont quatorze gendarmes et six
manifestants, et une centaine de blessés.
Dans la soirée, au micro de Radio Alger, le général Challe annonce
qu’il place la ville en état de siège.
Informé des événements, le général de Gaulle, qui se trouve à
Colombey-les-Deux-Églises, rentre à Paris. Dans la nuit, il tance les
Algérois :