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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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L’avocat Pierre Lagaillarde, l’un des instigateurs du 13 mai 1958,

député sans étiquette, depuis les élections législatives du 30 novembre

1958, de la première circonscription d’Alger-Ville, Jean-Jacques Susini,

président, depuis un an, de l’Association générale des étudiants d’Algérie

(AGEA), Joseph Ortiz, dit « Jo », un militant d’extrême droite, fondateur

du Front national français (FNF), patron du bar algérois Le Forum, qui

avait été mêlé à l’attentat au bazooka, le 16 janvier 1957, contre le

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général Salan , et un agriculteur de la plaine de la Mitidja, Robert

Martel, alias « le Chouan », comptent reproduire le scénario qui avait

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précipité la chute de la IV République.

Ils appellent les Algérois à la grève générale et à un rassemblement sur

le plateau des Glières. Créées en 1955 après les émeutes du

Constantinois, les unités territoriales (UT), composées de réservistes de

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l’armée, se mobilisent .

Le 24 janvier, un dimanche, en début d’après-midi, malgré

l’interdiction de manifester, 30 000 personnes se pressent square

Laferrière et en plusieurs points de la ville. Discours vibrants entrecoupés

de La Marseillaise et du Chant des Africains. Des barricades se dressent

rue Michelet et rue Charles-Péguy. Sur l’une d’elles, une banderole :

« Vive Massu ! »

À 18 heures, Paul Delouvrier et le général Challe donnent l’ordre de

dispersion. Les gendarmes mobiles qui, depuis le matin, bloquent l’accès

au Gouvernement général, square Laferrière, tentent de refouler les

manifestants vers Bab el Oued. Soudain, à 18 h 14, des coups de feu, des

rafales de fusils-mitrailleurs.

er

Le calme ne revient qu’avec l’arrivée des parachutistes du 1 REP

(régiment étranger de parachutistes), à 18 h 35. Ils s’interposent. Mais le

bilan est lourd : vingt-deux morts, dont quatorze gendarmes et six

manifestants, et une centaine de blessés.

Dans la soirée, au micro de Radio Alger, le général Challe annonce

qu’il place la ville en état de siège.

Informé des événements, le général de Gaulle, qui se trouve à

Colombey-les-Deux-Églises, rentre à Paris. Dans la nuit, il tance les

Algérois :

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