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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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personnes en danger. » Viviane ne lui pardonne pas sa passivité, ni le

dédain qu’elle a montré envers les victimes.

19 septembre 1963, courrier de Jean de Broglie :

« Il n’y a malheureusement plus d’espoir de retrouver Joseph

Pinto. »

Le secrétaire d’État aux Affaires algériennes relève de « fortes

présomptions de décès ». L’objet premier de pareille information serait-il

de clore sans délai un dossier encombrant ? Sur quelles preuves se base-telle

? Dans quelles circonstances Joseph Pinto est-il mort ? Le ministère

des Affaires étrangères ne transmettra à Viviane que quarante-deux ans

plus tard, le 24 août 2004, le rapport rédigé par les délégués du Comité

international de la Croix-Rouge le 21 août 1963 :

« Vu l’employeur, commerce de bonneterie, place Foch.

L’enlèvement a eu lieu à 15 h 30, rue Léon-Djian, à hauteur du

o

n 18. Les recherches effectuées par la famille sont demeurées sans

résultat.

Probablement égorgé, cadavre jeté dans le four d’un bain maure

(témoin européen anonyme). »

Pas un mot de condoléances de la part du ministère des Affaires

étrangères, retranché derrière une circulaire administrative.

Une si brutale absence de réconfort a blessé Viviane. « Pendant un an,

j’ai perdu le sommeil et je ne pouvais plus m’approcher d’une source de

chaleur sans fondre en larmes. » En outre, elle doute de la qualité du

rapport du CICR. « D’une part, l’employeur, “commerce de bonneterie,

place Foch”, n’est pas le bon. D’autre part, comment les enquêteurs ont-il

déterminé l’heure de la disparition, “15 h 30” et le lieu exact de

l’enlèvement, “à hauteur du numéro 18” ? Qui est ce “témoin européen

anonyme” ? Tout cela me semble bâclé. »

1. Jean Monneret, op. cit.

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