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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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À 14 h 50, au bout de deux heures d’essais infructueux, conséquence

de la désorganisation des services publics liée à l’indépendance, la

secrétaire de René-Claude Prudhon, Mme Martinez, inquiète de son

absence, obtient enfin une liaison téléphonique avec le Club des Pins. La

mère de Michèle apprend que son mari a disparu. Elle est abasourdie.

L’impitoyable marche de l’Histoire, qui pousse de plus en plus de piedsnoirs

à tout abandonner, vient de la frapper de plein fouet.

Immédiatement, la direction de Bastos prévient le consul général de

France, Jean Herly. Le lendemain, elle sollicite l’aide du consul général

de Grande-Bretagne – Georgette Prudhon, née Ward, ayant en effet la

nationalité britannique. Elle alerte le préfet de police d’Alger et le

président de la commission de sauvegarde, auxquels elle donne cette

description de son ingénieur : « 1,70 mètre environ, mince, port de tête

élevé, nez rectiligne, cheveux très courts, tempes grisonnantes, yeux

marron. » Elle presse les nouvelles autorités algériennes :

« Nous vous demandons de bien vouloir intervenir, par tous les

moyens dont vous pourrez disposer, pour que soit libéré et rendu à

son action M. Prudhon, technicien de grande valeur, lequel, comme

beaucoup de chefs d’entreprise, d’ingénieurs, de cadres techniciens,

avait estimé devoir poursuivre l’œuvre de développement

économique et la promotion de l’emploi dans l’Algérie nouvelle. »

Suivent ces lignes :

« Il ne vous échappera pas que ces faits, s’il n’y est pas porté

remède de toute urgence, sont de nature à désorganiser

complètement la structuration technique de nos usines, nous

obligeant ainsi à prendre des mesures pouvant aller jusqu’à la

fermeture complète des usines. »

Dans les mêmes termes, la direction de Bastos saisit Abderrahmane

Farès, président de l’Exécutif provisoire, et Ferhat Abbas, président de

l’Assemblée nationale constituante, qui, en octobre, va répondre :

« Comme suite à votre plainte pour enlèvement, je vous informe

que j’ai transmis votre demande aux ministères intéressés, en leur

recommandant de faire effectuer des recherches actives. Dans

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