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Lenormand, les suivent. Une livraison urgente à la base aéronavale de
Lartigue, près de l’aérodrome de La Sénia…
Jean Monneret :
« Il s’agit d’une mutation du terrorisme du FLN. Celui-là a, jusque-là,
usé de moyens en quelque sorte traditionnels : assassinats à la sauvette
d’Européens, grenades et bombes dans les lieux publics ou les moyens de
transports. Bien entendu, et selon une règle jamais démentie, les
terroristes n’épargnaient ni les femmes, ni les enfants. Après le 19 mars,
tenu par le cessez-le-feu, le FLN va changer de méthode. Il n’utilise plus
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d’arme, il ne tue plus dans la rue. Il enlève . »
La vague oranaise de rapts emporte également des soldats français.
Vers 12 h 30, le maréchal des logis-major Jacques Nouge, de la
e
128 compagnie muletière, déjeune, chez lui, 1, rue de Tlemcen, avec sa
femme et ses deux enfants. Des hommes de l’ALN sonnent à la porte…
À 14 h 10, le soldat de première classe Jack Delabrière, de la
e
666 compagnie de gestion du parc, entreprend, à bord d’une 2CV
militaire, sa tournée de ramassage des cadres civils et militaires logeant
en ville. Son itinéraire ne varie pas : La Sénia, avenue de Sidi-Chami,
cité Perret, et sens inverse. Son retour était prévu à 14 h 45…
L’adjudant-chef Alfred Guillem, du service de la préparation militaire
en Algérie, règle les derniers détails de son déménagement à Paris, où il
vient d’être muté. En uniforme, selon les consignes, coiffé de son béret
rouge et accompagné de sa fille, quinze ans, il se dirige, au volant de sa
2CV personnelle, vers le district de transit d’Oran. La foule submergeant
les rues, il y renonce et prend le boulevard Joffre et l’avenue de Tlemcen.
Dans l’impossibilité d’avancer, il espère se réfugier chez son frère,
Sauveur, 41, rue du Fondouk. Bloqué contre le trottoir par une Aronde
verte, il est arraché de son véhicule, violemment tabassé à coups de poing
et de pied dans le ventre. Ses agresseurs le poussent dans une 4 CV
Renault. Sa fille parvient à courir jusque chez Sauveur. Quelques jours
plus tard, son épouse recevra ses papiers d’identité, sans son portefeuille.
Chargés des approvisionnements de la base aérienne de La Sénia, les
sergents Henri Corbier et Jean-Claude Gardin avaient ordre d’effectuer