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siffle et abat un homme qui était au coin, un peu plus loin que moi.
Il avait l’air de regarder qui venait… ou voulait-il me parler ou se
réfugier dans le couloir, avec moi ? Le fait qu’il a été tué et que si je
ne m’étais pas collé contre la porte… Aussitôt dans le couloir et
après avoir fermé, sans bruit, j’ai grimpé quatre à quatre les
escaliers m’amenant au premier étage. De mon bureau, à travers les
lamelles des volets fermés, j’ai revu cette voiture, qui avait fait le
tour du pâté de maisons. C’était une petite camionnette sur laquelle
quatre musulmans avaient pris place, chacun la mitraillette à la
main, tiraient sur tout ce qui bougeait, parfois dans les vitrines ou
les fenêtres ouvertes… et ils rigolaient… Je les vois entrer dans le
parking, où j’aurais dû garer la voiture, ce que je n’avais pas fait
exceptionnellement. Peut-être me cherchent-ils ? Un autre Européen
arrive à son tour, à moto pour se garer. Il me semble que les
musulmans lui demandent ses papiers… mais au moment où il met
sa main dans la poche… l’un d’eux lui tire, à bout portant, une balle
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dans la tête … »
Autre témoignage, celui de Gérard Rosenzweig, que publiera Causeur,
le 4 juillet 2016, sous le titre « Requiem pour un massacre oublié » :
« Place d’Armes, les manifestants, après de multiples
égorgements, font maintenant des prisonniers. Tout ce qui montre
allure européenne, vêtements, visages, langage, tout est capturé,
dépouillé, roué de coups, blessé. Malheur au Blanc et à tout ce qui
s’en approche. Là aussi, des dizaines et des dizaines d’hommes, de
femmes ou d’enfants touchent à leur dernier jour. La ville n’est plus
qu’une clameur multiple de cris de mourants, de pogroms et de
haine brutale. La contagion est instantanée. En moins d’une heure le
massacre pousse ses métastases partout et s’organise selon
d’épouvantables modes. Ici, on tue à la chaîne. Là, c’est à l’unité, à
la famille. En quelques lieux, le sang a envahi les caniveaux.
Ailleurs, on assassine, on démembre, on violente, on blesse pour
faire plus longtemps souffrir ; le parent meurt devant le parent
provisoirement épargné. »
L’historien Jean Monneret parlera de « mouvement de folie et de
meurtre collectif » :