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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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Ingénieur des Arts et Métiers, lieutenant-colonel de réserve dans

l’aviation, chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec étoile

d’argent, décoré par les Américains de la Distinguished Unit Citation,

René-Claude Prudhon était né le 4 mai 1908 à Saint-Boil, en Saône-et-

Loire. Au début des années 1930, il avait eu le coup de foudre pour

l’Algérie. « Quel était le but de son premier séjour ? Je l’ignore. » Son

frère aîné, Henri, l’un des cadres dirigeants, à Saïgon, de la Société

indochinoise des tabacs, cigares et cigarettes J. Bastos, filiale de la

Bastos d’Oran, lui en avait-il vanté la douceur de vivre ? Recruté comme

ingénieur chez le cigarettier à Oran, René-Claude allait épouser, en 1935,

Georgette Joséphine Ward, née le 3 juin 1913, à Oran, fille d’un Anglais,

également ingénieur Bastos, et d’une Belge. Bientôt, il serait promu

directeur technique de l’entreprise à Alger.

Bastos : une institution, dont les débuts illustrent les opportunités, que,

dès 1836, promettait, dans son introduction, un petit livre de 248 pages,

intitulé Conducteur ou guide du voyageur et du colon de Paris et dans

l’Algérie, avec carte itinéraire, publié simultanément « chez Debecourt,

libraire-éditeur, rue des Saints-Pères, 69 », à Paris, et « chez Bastide et

Brachet, rue Bal el Oued, 101 », à Alger : « On peut garantir qu’avec un

peu d’avance, de l’intelligence et de la persévérance, tout homme

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laborieux parviendra à se créer dans la colonie une existence aisée . »

Manuel José Bastos, Francisca Millan et leur fils, Juan, né en 1817, à

Malaga, avaient fui la misère andalouse pour cette terre africaine,

qu’après le débarquement à Sidi-Ferruch, en 1830, les armées françaises

étaient en train de conquérir. Très jeune, Juan ouvrait à Oran, où se

développait une dynamique communauté espagnole, une échoppe de

tabac à priser. En 1838, il fondait un humble atelier, qu’il baptisait,

néanmoins « Manufacture de tabacs, cigares et cigarettes J. Bastos ». Il

en créait rapidement trois autres à Oran et un quatrième à Alger.

Michèle Prudhon voit le jour 24 novembre 1938 à Oran, dans

l’appartement de ses grands-parents Ward, 38, rue de la Vieille-Mosquée.

« Ils n’ont pas connu les massacres de pieds-noirs, qui, le 5 juillet 1962,

ont célébré l’indépendance. Ils étaient déjà décédés. » Le père de Michèle

désirait que sa femme accouchât dans les meilleures conditions. Les

premiers souvenirs de la gamine se situent à Alger. « J’étais fille unique.

Mes parents me choyaient. » Maternelle et primaire à l’école de la rue du

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