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Anciens combattants. « Prenez contact avec mon chef de cabinet. Je vous
recevrai quand vous le souhaiterez. » « Je pensais qu’il s’agissait d’une
parole en l’air. Toutefois, quelques semaines plus tard, quelqu’un de son
entourage m’a téléphoné. Je suis monté à Paris et là, j’ai été confronté à
un vague sous-attaché, sous-secrétaire ou autre sous-fifre, qui ne m’a pas
rigolé au nez, mais c’était tout juste. »
Opiniâtre, il se tourne vers Antoine Herth, député du Bas-Rhin. Le
parlementaire saisit, à son tour, le ministre délégué, qui, dans un courrier
du 28 avril 2005, confirme :
« Je vous précise que le Mémorial national de la guerre l’Algérie
et des combats du Maroc et de la Tunisie ne fait figurer que le nom
des soldats “Morts pour la France” au cours de la période officielle
er
des combats, soit du 1 janvier 1952 au 2 juillet 1962. »
La ténacité de Raoul, soutenue par ses deux filles, Céline et Joëlle, qui
lui ont donné cinq petits-enfants, ne faiblit pas. En 2007, il reçoit une
lettre de la Direction de la mémoire, du patrimoine et des archives au
ministère de la Défense :
« J’ai l’honneur de de vous faire connaître que les noms de votre
frère Michel Chombeau et de ses trois camarades, Jean-Pierre
Brillouet, Michel Jacquet et Rudolphe Letient, tous Morts pour la
France les 6 et 7 juillet 1962, figurent sur le Mémorial de la guerre
d’Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie, situé quai
Branly, à Paris, ainsi que sur le site Internet “Mémoire des
hommes”. »
Raoul s’avoue cependant « écœuré par tous ces gratte-papiers » qui lui
infligent leur je-m’en-foutisme hautain. « Quand je leur parle, ils ne
m’écoutent pas. Ce qu’a subi mon frère ne les intéresse pas, les laisse
froids. Sur la morgue de leur visage, je lis : “Qu’est-ce que tu viens
m’emmerder avec cette vieille histoire ?” Et moi, j’essaie de les
sensibiliser. C’est mon frère et je ne sais toujours pas ce qui lui est arrivé.
Généralement, le troisième larron du service lambda d’une administration
que j’ai en face de moi ne comprend rien, ne sait rien. »