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« J’étais à mon travail […]. qui consiste à surveiller les plaques
tournantes des fours, lorsque j’ai été interpellé par un individu qui
m’a ordonné “haut les mains !”. Je me suis retourné et ai aperçu 5
ou 6 hommes armés et, parmi eux, notre surveillant, Laplume
Joseph. »
Le second :
« Ces individus nous ont emmenés à travers l’usine et conduits à
l’extérieur. Je ne crois pas qu’au cours de ce trajet nous avons été
aperçus par d’autres ouvriers. À 100 mètres environ à l’extérieur,
nous avons été relâchés, tandis que Laplume était emmené. Les
rebelles ont précisé que si nous parlions ils nous tueraient. Nous
sommes revenus à l’usine par le même chemin et, malgré les
menaces, j’ai fait arrêter l’usine […]. Je n’ai reconnu personne
parmi ces hors-la-loi. »
Plus tard, une fiche du commandement supérieur des forces en Algérie
récapitulera :
« Les recherches du secteur de Tebessa, avec l’aide de chiens,
n’ont donné aucun résultat si ce n’est que effectivement le
surveillant Laplume avait été emmené vivant de l’autre côté de la
frontière. Au début de l’enlèvement le prisonnier aurait été vu une
première fois à Thala. Puis, il y a quelques mois, dans un camp à
2
Kalaat Djerda , mine qui se trouve à proximité de la frontière à
quelques kilomètres du Kouif. »
Un incident va choquer Josiane. « Régulièrement, un marchand
ambulant arabe passait à la maison. Ma mère lui achetait les bleus de
travail de mon père, parfois une couverture. Peu de temps après le 9 avril,
il est venu et m’a remis un petit papier. Des militaires, des appelés pas
très futés, qui, je suppose, surveillaient notre maison, lui sont tombés
dessus. J’ai eu beau leur répéter qu’il n’était pas un complice des
fellaghas, que je le connaissais, ils ne m’ont pas écoutée. Ils l’ont arrêté
sans ménagement. Ils croyaient avoir capturé un des auteurs de
l’enlèvement. Or, il venait simplement rendre à ma mère le papier sur
lequel elle avait griffonné la taille, du 46, de mon père. Il n’avait pas en