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gouverneur général d’Algérie qu’il occupait depuis un an, ce député du
Rhône avait alors fondé, avec Georges Bidault, autre gaulliste qui, en
1943, avait succédé à Jean Moulin à la présidence du Conseil national de
la Résistance, l’Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie
Française (USRAF). Affichant son accord avec les objectifs de l’OAS, il
allait s’exiler pendant six ans.
Le 19 novembre de cette année 1963, Étienne Dailly, sénateur Gauche
démocratique de Seine-et-Marne, évoque, devant la haute assemblée, le
cas d’Evelyne Valadier,
« jeune Française de vingt-sept ans enlevée à Alger le 14 juin
1962, donc trois mois après les accords d’Évian, à un barrage de la
police algérienne et retrouvée par hasard dans une maison close à
Belcourt. Par qui ? Par l’ancien locataire de sa belle-sœur. Ce
musulman la rachète et réussit à l’en extraire, mais dans quel état ! »
Si l’intensité des enlèvements de civils culmine le 5 juillet 1962 à
Oran, le phénomène, qui a pris de l’ampleur à peine signés les accords
d’Évian, existait déjà auparavant.
Aujourd’hui, parmi les noms de civils qui s’affichent sur la colonne
blanche du Mémorial du quai Branly : plus de 1 500 disparus. Ils n’ont
vraisemblablement pas survécu longtemps. Quand sont-ils morts ? Dans
quelles conditions ? Où sont-ils enterrés ? Depuis 1954, dans les bascôtés
de l’Histoire gisent des dates, des patronymes et des familles qui
n’ont pu faire le deuil d’êtres chers…
25 juillet 1956. Victor Lacout, soixante-quatorze ans, agriculteur près
de Fedj M’zala, dans le Constantinois. Malgré les vols de bétail, les
incendies de fermes et les destructions de récoltes dans la région, il
refusait de déserter sa terre. Jusqu’à ce que trois Arabes armés…
8 février 1957. Louis Barthe, trente-six ans, viticulteur à Turenne, près
de Tlemcen. Il taillait sa vigne…
28 février 1957. Robert Navarro, trente-quatre ans, chef du district
d’Électricité et gaz d’Algérie de Tizi Ouzou. Vers 16 heures, il était parti
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