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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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et anonyme, le rapport du CCIF manque, selon elle, de rigueur. Autre

question : où a-t-il été enterré ? « Il faudrait que l’Algérie ouvre ses

archives. » En outre, elle estime que la France a une dette envers ces gens

« massacrés sous les yeux de ses militaires qui n’ont rien fait parce qu’on

leur avait donné l’ordre de ne pas bouger ». « Elle doit assumer son

passé. » D’où l’objectif qu’elle s’est fixé : « faire reconnaître

officiellement les disparus ». « Je me suis plongée dans les livres de

droit, ai épluché les textes de lois et j’ai déniché un article permettant

d’accorder la mention “Mort pour la France” aux civils victimes d’actes

de guerre. »

Le 18 septembre 2008, elle s’adresse au secrétariat d’État aux Anciens

combattants afin d’en faire bénéficier son père. Le 5 novembre 2009,

celui-ci lui accorde satisfaction :

« Les circonstances de son décès résultent d’actes de violence

constituant une suite directe de faits de guerre et permettent

l’apposition de la mention “Mort pour la France” conformément aux

dispositions de la loi du 28 février 1922 et de l’ordonnance du

2 novembre 1945 relatives aux actes de décès des militaires et civils

“Morts pour la France”. »

Cependant, le 21 décembre suivant, le même secrétariat d’État revient

sur cet avis qu’il déclare « entaché d’illégalité ». Justification d’un tel

revirement :

« L’acte mortel […]. est intervenu postérieurement au 2 juillet

1962, date de la fin de la guerre d’Algérie. »

Colère énorme de Marie-Claude. « Mon sang n’a fait qu’un tour. Ce

retrait des mots “Mort pour la France” signifiait qu’après le 2 juillet

1962, les violences de la guerre n’avaient tué ni fait disparaître personne

en Algérie. Un trait sur les centaines de pieds-noirs assassinés ou enlevés,

sur les dizaines de milliers de harkis morts sous d’ignobles tortures. Tout

cela n’aurait jamais existé. »

Marie-Claude écrit au médiateur de la République, au député du Gard.

Sans résultat. Alors, en 2010, elle assigne en justice le ministère de la

Défense. Le tribunal de grande instance de Nîmes se déclare incompétent

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