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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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Les manifestants commencent à se disperser quand, conformément aux

ordres reçus, la police charge « énergiquement ». Huit morts à la station

de métro Charonne.

Le 19 février, aux Rousses, les délégations française et algérienne

annoncent un compromis.

er

En Algérie, les mois se suivent et se ressemblent. Le 1 mars, journée

totalisant trente-trois morts et trente-huit blessés, la vie de Jean Ortega,

employé à la direction des constructions navales de Mers el Kébir,

bascule en enfer. Rentrant chez lui, il découvre trois cadavres

méconnaissables : celui de sa femme, Josette, trente ans, sur laquelle des

Arabes se sont acharnés à coups de hache dans sa loge de concierge au

stade de La Marsa, près de la base militaire ; celui de son petit garçon,

André, quatre ans, dont ils ont broyé le crâne ; et celui de sa petite fille,

Sylvette, cinq ans, dont ils ont fracassé la tête contre un mur, en la faisant

tournoyer après l’avoir saisie par les pieds.

2 mars : cinquante-six morts et soixante-trois blessés. 3 mars : trentetrois

morts et soixante et onze blessés. 4 mars : vingt-deux morts et

cinquante-six blessés. 5 mars : trente-cinq morts et cent trente blessés.

6 mars : vingt-trois morts et trente-deux blessés. Trois jeunes filles

enlevées à Alger. Elles ne seront jamais retrouvées. 7 mars : quatorze

morts, vingt-cinq blessés, et à l’hôtel du Parc d’Évian s’ouvre la seconde

conférence de la cité thermale.

Quelques jours plus tard, Jacques Soustelle publie L’Espérance

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trahie . Extrait prémonitoire :

« Un crime contre l’Algérie et les Algériens, plongés dans un

bain de sang sous une dictature de terreur. Un crime contre la

France qui se déshonore et qui se voit chassée d’Afrique du Nord et

du Sahara. Un crime contre le monde libre, dont un des bastions

essentiels tomberait entre les mains des totalitaires. Un crime contre

l’humanité, car, musulmans, juifs ou chrétiens, bruns ou blancs,

arabes ou berbères, descendants d’Espagnols, de Maltais, de

Siciliens ou de “Françaouis”, des millions d’hommes et de femmes

seraient condamnés à la mort ou à l’exode. »

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