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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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En métropole, la presse va minimiser l’ampleur de la tragédie. Elle

minaude. Dans son édition datée du 10 juillet, Le Monde, si prompt à

stigmatiser les méfaits de la colonisation et les exactions de l’armée

française, se distinguera par sa prudence. Un modèle de désinformation :

« Les Oranais se racontent de bouche à oreille des scènes d’enlèvements,

de tortures, de pillages. Ces récits sont difficilement contrôlables. » Sousentendu,

les rastaquouères ont la réputation d’avoir le sang chaud, ils

exagèrent certainement… Le 8 juillet, le quotidien de référence du soir

avait, du haut de sa respectabilité, chiffré à 25 le nombre d’Européens

tués ou enlevés…

Depuis les accords d’Évian, les enlèvements constituent l’un des

instruments de la stratégie « de terreur permanente et de peur

permanente » prônée par Radio Damas.

Le 5 juillet, dans l’après-midi, Joseph Pinto, cinquante-huit ans,

représentant de commerce, sort de chez lui, 10 rue Léon-Djian. Curieux,

il veut voir ce qui se passe dehors. Dans l’appartement, sa famille va

guetter son retour. Impatiente. Pas de bruit de pas dans l’escalier. La

porte qui ne s’ouvre pas… L’angoisse va s’insinuer. Joseph Pinto ne

reviendra pas.

Également disparus le 5 juillet, Eugène Benoît, cinquante-huit ans,

er

adjoint forestier, kidnappé à son domicile, 37 avenue Albert-I ; Alfred

Aranda, trente-sept ans, enlevé avenue d’Oujda, à proximité du cinéma

Rex ; Gérard Chérubino, dix-huit ans, employé de banque ; Francis

Segado, trente-deux ans, chauffeur d’autobus ; Henri Muller, trente-deux

ans, entrepreneur de transports ; Christian Mesmacque, dix-huit ans,

enlevé avec des amis, André Chiappone, Julien Bagout, sa sœur, Jeanne

Bagout-Ricard, et ses quatre enfants, Alain, Christiane, Edith et

Salvadore. Ils étaient partis à la plage ; Ernest Martinez, vingt-deux ans,

menuisier ; Henri Jover, vingt-trois ans, employé des Ponts et chaussées ;

Cyr Jacquemain, vingt-sept ans, magasinier sur la base aérienne 141, et

son oncle, Joseph Garcia, cinquante-sept ans ; ils se rendaient à La Sénia

à bord d’une Peugeot 403 noire, immatriculée 822 EA 9G ; Marcel Facet,

quarante-neuf ans, et son frère Lucien, cinquante-sept ans, agriculteurs à

Saint-André-de-Mascara ; ils circulaient dans une voiture

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