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et la dirige sur celui de Nantes qui, le 7 mars 2011 donne un « avis
défavorable à sa requête ».
Ne s’avouant pas vaincue, soutenue par sa famille, elle saisit la cour
d’appel de Rennes qui, le 15 octobre 2013, statue en sa faveur :
« M. Paul Teuma, abattu alors qu’il se rendait le 5 juillet 1962,
sur une base armée française afin de ravitailler, à leur demande, les
militaires toujours présents en Algérie en raison des troubles
consécutifs aux exactions subies durant la guerre par les Algériens
eux-mêmes, doit être considéré comme une victime de suite directe
de faits de guerre […]. Il convient dès lors […]. d’ordonner […].
que la mention “Mort pour la France” soit portée sur l’acte de décès
de M. Paul Teuma. »
Le 26 décembre 2013, le Parquet de Rennes suit cette décision. Marie-
Claude a gagné. « Quelle joie ! Enfin ! Ce jugement ne concernait pas
que mon père. Il allait faire jurisprudence. En reconnaissant les disparus
“Morts pour la France” après l’indépendance, la justice a apporté la
preuve que les “accords d’Évian” n’avaient pas été respectés et qu’ils ne
symbolisent nullement la fin de la guerre d’Algérie. Célébrer celle-ci le
19 mars est donc une aberration. »
La victoire de Marie-Claude : son père et les disparus ne sont plus
totalement oubliés. Déjà, le 25 novembre 2007, l’inauguration, à
Perpignan, du Mur des disparus, les avait arrachés à l’oubli. Y était gravé
le nom de Paul Teuma. Le 5 juillet 2016, il a également été inscrit sur le
monument aux morts de Carcès. « Une cérémonie émouvante. Le maire a
fait un discours, entouré des membres du conseil municipal, des
représentants du Souvenir français et de leur porte-drapeau, ainsi que de
représentants d’associations patriotiques et de leurs porte-drapeaux. »
Prenant la parole, Marie-Claude a déclaré : « Sachez qu’en accordant
symboliquement un lieu de sépulture à Paul Teuma c’est tous les disparus
de la guerre d’Algérie que vous honorez, et vous permettez ainsi à tous
de sortir de l’oubli et du néant, ils sont de nouveau parmi nous, les
survivants. Oui ! Ils ont existé. J’ai mené ce long combat pour rendre
justice et honneur à mon père et à ses compagnons d’infortune. Ce
monument devant lequel nous nous recueillons est une base d’instruction