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Combien d’autres ne le seront jamais, comme le soldat Michel
e
Chombeau, du 22 régiment d’infanterie de marine, enlevé entre Bousfer
et Aïn el Turk. Civils ou militaires, ils sont passés, au fil des années, du
statut de disparus à celui d’oubliés, d’abandonnés. Au point que, dans
son allocution du 19 mars 2016, François Hollande concédera :
« Drame aussi des disparus, de ces hommes, de ces femmes là
aussi de toutes origines dont la trace s’est perdue dans la guerre. Je
sais à quel point cette question est douloureuse pour les familles
concernées […]. »
Le 18 décembre 1992, l’Assemblée générale des Nations unies
adoptait une « Déclaration relative à la protection de toutes les personnes
contre les disparitions forcées », selon laquelle « les disparitions forcées
constituent un délit spécifique ». Et en 1998, la Commission onusienne
du droit international considérait la « disparition forcée comme une
violation systématique des droits de l’homme ».
Le 20 décembre 2006, l’Assemblée générale des Nations unies
adoptait la « convention internationale pour la protection de toutes les
personnes contre les disparitions forcées », que les représentants de
cinquante-sept pays signaient, le 6 février 2007, à Paris.
1. Le 12 novembre 1954, au lendemain des attentats de la Toussaint Rouge, le président du Conseil
Pierre Mendès France déclarait, à l’Assemblée nationale : « Qu’on n’attende de nous aucun
ménagement à l’égard de la sédition, aucun compromis avec elle. On ne transige pas lorsqu’il s’agit
de défendre la paix intérieure de la nation, l’unité et l’intégrité de la République française. Les
départements d’Algérie constituent une partie de la République française. Ils sont français depuis
longtemps et de manière irrévocable. » Une fermeté que partageait François Mitterrand, alors
ministre de l’Intérieur, questionné, au cours de cette séance, par les députés : « Tous ceux qui
essayeront, d’une manière ou d’une autre, de créer le désordre et qui tendront à la sécession seront
frappés par tous les moyens mis à notre disposition par la loi […]. L’Algérie, c’est la France. »
2. Fédération nationale des Anciens combattants en Algérie. Elle regroupe surtout d’anciens appelés
et rappelés.
3. Le 14 février 2017, lors d’un déplacement à Alger, Emmanuel Macron, candidat à l’élection
présidentielle, soucieux vraisemblablement de séduire l’électorat franco-algérien, provoquera un tollé
en déclarant : « Je pense qu’il est inadmissible de faire la glorification de la colonisation. Certains ont
voulu faire cela en France, il y a dix ans. Jamais, vous ne m’entendrez tenir ce genre de propos. J’ai
toujours condamné la colonisation comme un acte de barbarie. La colonisation est un crime. C’est un
crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons
regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et de ceux vers lesquels nous
avons commis ces gestes. » Dans Marianne du 24 février 2017, l’historien Michel Renard,
responsable du blog « Études coloniales », écrira : « La démographie interdit de parler de “génocide”.