You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
« On se venge sur l’autre, le différent, on exerce des représailles
raciales, comme cela s’est si souvent produit durant la guerre
d’Algérie. C’est un règlement de compte ethnique qui se déroule.
Des civils sont porteurs de couteaux et d’armes au poing ; ils
abattent les pieds-noirs rencontrés. Les ATO font de même, et ils ne
sont pas les derniers à participer aux lynchages et aux assassinats.
D’autres civils armés leur apportent du renfort. Au bout d’un certain
temps, les hommes de l’ALN vont se faire plus nombreux. Ils
19
entreprennent de ratisser le centre-ville … »
Les 18 000 militaires français, cantonnés dans leurs casernes, ne
bougent pas. Cris. Appels au secours. Ils n’interviennent pas. Certains
refoulent les malheureux implorant leur l’aide aux postes de garde. Ordre
du général Joseph Katz, qui commande le secteur. Lui aussi obéit. « Si
les gens s’entre-massacrent, ce sera l’affaire des nouvelles autorités », a
tranché, le 24 mai, le général de Gaulle en Conseil des ministres.
Quelques rares officiers, néanmoins, se substituent aux « nouvelles
e
autorités ». Commandant de la deuxième compagnie du 2 Zouaves, le
capitaine Croguennec, accompagné d’un sous-officier, se fait remettre, au
commissariat central, 200 civils terrorisés…
e e
À la tête de sa demi-compagnie, ancienne 4 du 30 BCP (Bataillon de
chasseurs portés), majoritairement composée de militaires nord-africains,
et transformée, après le 19 mars, en unité de la Force locale algérienne
e
(430 UFL ou UFO), le lieutenant Rabah Kheliff libère plusieurs
centaines d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards regroupés
devant la préfecture…
Le calme ne reviendra que vers 17 heures, après que l’armée a, enfin,
été autorisée à se déployer dans les rues. Pour absoudre son inertie, le
général Katz se retranchera derrière la confusion des instructions dont il
fut assailli :
er
« Du 13 juin au 1 juillet, nous sont arrivés d’Alger vingt notes ou
messages fixant l’attitude que nous aurions à tenir dès l’indépendance
venue, les uns et les autres étant souvent en contradiction sur beaucoup
20
de points . »