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En 2012, pour le cinquantième anniversaire de ce jour de deuil,
Geneviève a déposé sur la tombe une plaque où elle avait fait graver :
« Cyr Jacquemain, porté disparu le 5 juillet 1962. Oran (Algérie). »
« Mon père est, avant tout, disparu. Pas mort. Un mort a droit à une
tombe. Il n’existe pas un jour où je ne pense pas à lui. »
Auparavant, en 2000, à Wallers, village natal de son père, traversé par
les deux conflits mondiaux, Geneviève avait convaincu le maire et
l’association d’anciens combattants, dont certains l’avaient connu
autrefois, notamment à l’école communale, d’ajouter Cyr Jacquemain à
la liste des noms de la stèle, érigée sur le côté de la mairie, en mémoire
des « victimes civiles » des guerres de « 14-18, 39-45, Indochine 1947 et
Algérie 1962 ». « Maman pouvait, enfin, déposer des fleurs quelque part.
Elle y allait le jour de l’anniversaire de papa et celui de sa disparition. Ça
lui faisait du bien. Elle pouvait se recueillir. » En 2018, son nom a aussi
été gravé sur le monument dédié « Aux enfants de Wallers morts pour la
patrie », qui se dresse en bordure d’un mur latéral de l’église.
Le 22 mars 1980, Geneviève, qui enseigne les mathématiques et les
sciences physiques dans un lycée professionnel, a épousé un « chti, blond
aux yeux bleus », Gérard Wyart. Ils ont eu trois enfants, Cyr, Laure et
Maxence. Elle a donné à son aîné le prénom de son père et, au cadet, un
prénom que sa mère aimait bien.
Le 16 septembre 2018, trois jours après la visite d’Emmanuel Macron
à la veuve de Maurice Audin et un communiqué de l’Élysée
reconnaissant que le jeune militant du parti communiste algérien, disparu
en juin 1957, avait été torturé par des militaires français, Geneviève lui
écrira son étonnement. Sa mère ayant été dans la même situation que
l’épouse de Maurice Audin, elle aurait aimée qu’elle ait droit à autant de
compassion :
Réponse du chef de cabinet, le 21 octobre :
« La guerre d’Algérie est une histoire douloureuse et le président
de la République souhaite précisément y faire face avec courage,
sans éluder aucun sujet, dans le but de réconcilier les différentes
mémoires trop souvent concurrentes.
Ce travail est de longue haleine : il se conduit progressivement en
s’appuyant sur la vérité historique, dans toute sa compexité et ses