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Ils n’auront eu aucune nouvelle de leur fils, à l’exception d’une lettre
de Jean de Broglie, dans laquelle le secrétaire d’État chargé des Affaires
algériennes leur faisait part des résultats d’une enquête de la Croix-
Rouge internationale :
« Ceux-ci sont malheureusement négatifs et j’ai le pénible devoir
de vous informer que, d’après les recherches effectuées par cet
organisme, il nous faut conclure au décès de M. Teuma et de ses
compagnons. D’après un témoignage qui paraît digne de foi, il
semble que M. Teuma et ses compagnons aient subi le même sort
que toutes les personnes disparues lors des émeutes des 4 et 5 juillet
à Oran. Arrêtés à un barrage sur la route de La Sénia, ils ont été
abattus alors que l’un d’entre eux tentait de s’enfuir. »
Les années fileront dans le silence méprisant des autorités françaises
sur le cas de Paul Teuma. Jusqu’à ce qu’à ce que, le 27 janvier 2005, en
réponse à une lettre du 8 juin 2004, la direction des archives du ministère
des Affaires étrangères lui transmette, « par dérogation, et à titre
strictement personnel », le rapport des délégués du Comité international
er
de la Croix-Rouge, rédigé le 1 août 1963 : le document qu’avait évoqué
Jean de Broglie quarante ans auparavant. Il signale trois véhicules. À
bord d’une Peugeot 404, Paul Teuma et son inspecteur, Manuel
Hernandez, précédaient un camion Berliet, immatriculé 970 TE 9G,
chargé de vin, conduit par Édouard Segura, et un Hotchkiss,
immatriculé 363 DA 9G, chargé de bière, conduit par Jean Lenormand.
Les délégués du CICR notent :
« On est donc sur l’autoroute Valmy-La Sénia, il est environ
16 heures, peut-être pas très loin du point d’arrivée, lorsqu’un
barrage arrête tout le monde. Voici la version du drame d’un Arabe
spectateur impuissant, faite à un autre Arabe qui veut absolument
garder l’anonymat : “M. Teuma, qui ne craint rien, demande avec le
sourire ce qu’il y a. À ce moment, Lenormand Jean pris de peur
tente de s’enfuir, une rafale de mitraillette l’étend sur le sol. Puis, il
paraît que MM. Teuma, Hernandez et Segura furent immédiatement
tués à la mitraillette.” On pense que les corps ont disparu au sinistre
Petit-Lac. On a retrouvé le camion Hotchkiss dix jours plus tard au