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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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Ils n’auront eu aucune nouvelle de leur fils, à l’exception d’une lettre

de Jean de Broglie, dans laquelle le secrétaire d’État chargé des Affaires

algériennes leur faisait part des résultats d’une enquête de la Croix-

Rouge internationale :

« Ceux-ci sont malheureusement négatifs et j’ai le pénible devoir

de vous informer que, d’après les recherches effectuées par cet

organisme, il nous faut conclure au décès de M. Teuma et de ses

compagnons. D’après un témoignage qui paraît digne de foi, il

semble que M. Teuma et ses compagnons aient subi le même sort

que toutes les personnes disparues lors des émeutes des 4 et 5 juillet

à Oran. Arrêtés à un barrage sur la route de La Sénia, ils ont été

abattus alors que l’un d’entre eux tentait de s’enfuir. »

Les années fileront dans le silence méprisant des autorités françaises

sur le cas de Paul Teuma. Jusqu’à ce qu’à ce que, le 27 janvier 2005, en

réponse à une lettre du 8 juin 2004, la direction des archives du ministère

des Affaires étrangères lui transmette, « par dérogation, et à titre

strictement personnel », le rapport des délégués du Comité international

er

de la Croix-Rouge, rédigé le 1 août 1963 : le document qu’avait évoqué

Jean de Broglie quarante ans auparavant. Il signale trois véhicules. À

bord d’une Peugeot 404, Paul Teuma et son inspecteur, Manuel

Hernandez, précédaient un camion Berliet, immatriculé 970 TE 9G,

chargé de vin, conduit par Édouard Segura, et un Hotchkiss,

immatriculé 363 DA 9G, chargé de bière, conduit par Jean Lenormand.

Les délégués du CICR notent :

« On est donc sur l’autoroute Valmy-La Sénia, il est environ

16 heures, peut-être pas très loin du point d’arrivée, lorsqu’un

barrage arrête tout le monde. Voici la version du drame d’un Arabe

spectateur impuissant, faite à un autre Arabe qui veut absolument

garder l’anonymat : “M. Teuma, qui ne craint rien, demande avec le

sourire ce qu’il y a. À ce moment, Lenormand Jean pris de peur

tente de s’enfuir, une rafale de mitraillette l’étend sur le sol. Puis, il

paraît que MM. Teuma, Hernandez et Segura furent immédiatement

tués à la mitraillette.” On pense que les corps ont disparu au sinistre

Petit-Lac. On a retrouvé le camion Hotchkiss dix jours plus tard au

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