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Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

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nous parlait en France, ils ne racontaient que des mensonges […].

Tout va bien. Il est environ 9 heures du matin au moment où j’écris

ces mots. On m’a donné des cigarettes. Je suis très bien, ainsi que

mes camarades. »

Les parents du brigadier-chef Daniel Obin, vingt-sept ans, du première

classe Michel Destremont, vingt-trois ans, et des deuxièmes classes Yves

Cardu, vingt-deux ans, Jacques Egouvillon, vingt et un ans, André

Gaonach, vingt-deux ans, Raymond Haeck, vingt-deux ans, et Michel

Zabera, vingt et un ans, n’auront plus aucune nouvelle de leurs fils.

Cynisme d’une grande cruauté que dissimule soigneusement le

gouvernement français. Raison de cette discrétion qui dédaigne la

douleur des familles ? Le 17 avril 1958, le colonel Ducournau, chef du

cabinet militaire de Robert Lacoste, ministre résident en Algérie, écrit au

préfet de la Vienne :

« La situation des personnes qui tombent entre les mains du FLN

pose un problème extrêmement délicat à résoudre. Envisager un

échange pur et simple contre des rebelles détenus dans nos prisons

reviendrait “ipso facto” à faire reconnaître à ces derniers le statut de

prisonniers qu’ils ne peuvent avoir, le FLN n’ayant aucun des

caractères de belligérant officiel. Le chantage odieux que cet

organisme mène auprès des familles de ces malheureux est

d’ailleurs une preuve supplémentaire des procédés inhumains que

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notre adversaire n’hésite pas à employer pour arriver à ses fins . »

13 juillet 1959. Les fellaghas enlèvent le brigadier-chef Maurice

Lanfroy ainsi que le sergent Joël Gouget et les soldats Marcel Braun et

e

Henri Garat, du 30 régiment de dragons. Leur colonne patrouillait à la

frontière marocaine lorsqu’ils ont été submergés. Laissant derrière eux

les cadavres de quinze de leurs copains, les quatre prisonniers doivent

longtemps marcher dans le djebel pour contourner le barrage électrifié

destiné à empêcher les infiltrations de l’ALN depuis le royaume

chérifien. Blessé durant le combat, le sergent Joël Gouget ralentit le

groupe. Un fellagha l’élimine. Les trois autres sont conduits au camp

d’Oujda.

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