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« Je suis née française en Algérie et je croyais que je mourrais
française dans mon pays. Je me sens comme dépossédée. Les piedsnoirs
seraient moins désespérés s’ils avaient senti en métropole, une
chaleur, une solidarité. Mais ils se sont sentis abandonnés, méprisés
et même insultés. »
Grand officier de la Légion d’honneur, médaillé de la Résistance,
Croix de guerre 1939-1945, Croix de la valeur militaire, Croix de guerre
des TOE, le général Jouhaud sera condamné à mort le 13 avril par le
Haut Tribunal militaire. Le Premier ministre, Georges Pompidou, ayant
menacé de démissionner si la sentence était exécutée, le général de
Gaulle commuera sa peine en détention criminelle à perpétuité.
Libéré de la prison de Tulle en décembre 1967, il sera amnistié en
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1968. En avril 1969, il publiera Ô mon pays perdu . Premières lignes :
« Ô mon pays perdu…
De toute notre âme, nous avons voulu sauver notre terre natale.
Nous avons lutté, sans relâche, de l’aube au crépuscule, avec
l’horrible pressentiment que, si le destin nous était défavorable, ce
serait pour nous le commencement d’une profonde douleur. D’une
douleur infinie, dont le sens échapperait, chaque jour davantage, à
nos compatriotes métropolitains.
Français d’Algérie, nous avions été élevés sous d’autres cieux,
dans une autre lumière, sur une terre aux horizons infinis, et nous
voici amputés de tout ce qui, en nous, appartenait à cette terre, à
notre terre, où depuis des générations nous avions enseveli tant des
nôtres… »
Benjamin d’une fratrie de six enfants, Edmond Jouhaud était né en
1905, à Bousfer, à une vingtaine de kilomètres d’Oran. Ses parents, Jules
Jouhaud et Marie Élisabeth Bertrande Duclos, étaient instituteurs. Des
hussards de la République.
Le 26 mars 1962, un tract de l’OAS dénonce le siège de Bab el Oued
par les troupes gouvernementales.
« Une monstrueuse opération, sans précédent dans l’Histoire, est
en cours depuis trois jours à Alger : on affame 50 000 hommes,