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faire perdre l’Algérie à la France au moment même où se précise le
déclin de la rébellion ? Je vous adjure de rentrer dans l’ordre […].
L’armée française que deviendrait-elle, sinon un ramassis
anarchique et dérisoire de féodalités militaires s’il arrivait que des
éléments mettent des conditions à leur loyalisme ? Or je suis, vous
le savez, le responsable suprême. C’est moi qui porte le destin du
pays. Je dois donc être obéi de tous les soldats français. Je crois que
je le serai parce que je vous connais, que je vous estime, que je vous
aime, que j’ai confiance dans le général Challe, que j’ai, soldats
d’Algérie, mis à votre tête, et puis parce que, pour la France, j’ai
besoin de vous […].
Enfin, je m’adresse à la France. Eh bien ! Mon cher et vieux
pays, nous voici donc ensemble encore une fois, face à une lourde
épreuve. En vertu du mandat que le peuple m’a donné et de la
légitimité nationale que j’incarne depuis vingt ans, je demande à
tous et à toutes de me soutenir quoi qu’il arrive. »
À Alger, le ciel se voile. Il se met à pleuvoir à torrents. Des trombes
d’eau noient les barricades. La population venue soutenir les insurgés,
leur apportant des paniers remplis de provisions, se disperse à la
recherche d’abris. Peu à peu, les hommes qui se sont révoltés contre Paris
abandonnent leurs positions. La météo hostile et la fermeté du général de
Gaulle, désormais surnommé « la Grande Zora », ont ébranlé leur moral.
Dimanche 31. Le général Challe fait bloquer tout accès aux barricades.
Paul Delouvrier ordonne d’utiliser les armes en cas de pression trop forte
de la foule. « Si les gens savent que les militaires n’ont pas l’instruction
formelle de tirer, le barrage passif sera balayé. Il est indispensable
d’empêcher le flot humain de l’emporter. »
Titre du Journal d’Alger : « Le “camp retranché” isolé. »
er
Lundi 1 février 1960. Joseph Ortiz a pris la fuite durant la nuit. Pierre
Lagaillarde et ses hommes, dont certains seront intégrés au commando
er 20
« Alcazar » du 1 REP , acceptent de se rendre aux parachutistes qui les
cernent et leur présentent les honneurs militaires. Arrêté, Pierre
Lagaillarde est transféré à Paris, derrière les murs de la prison de la
Santé. En liberté provisoire avant son procès, il va rejoindre Joseph Ortiz
qui s’est réfugié en Espagne.