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dit « Ali la Pointe », s’écroule non loin de son domicile d’Alger, à l’angle
er
des rues Michelet et Altairac. Le 1 février 1959, un buste en bronze de
l’édile, réalisé par le sculpteur pied-noir André Greck, sera dévoilé en
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face de la mairie de Boufarik . Lors de la cérémonie, le général Jacques
Massu saluera « le dynamique maire de Boufarik » qui « était au soir
d’une vie toute entière vouée au bien public et à l’idéal d’une Algérie
heureuse dans le sein d’une France rénovée et puissante ».
En 1957, le père de Daniel, qui ne se déplace plus sans son revolver,
construit une tour de guet au-dessus de la maison. « On y accédait
directement par la chambre de mes parents. Le soir, il grimpait au
sommet et surveillait les alentours. Souvent, je l’accompagnais. Tout en
fumant quelques cigarettes, il m’apprenait à détecter le moindre
mouvement dans l’obscurité et à distinguer, au loin, les vrais chacals des
faux, c’est-à-dire des Arabes qui imitaient les hurlements de l’animal
pour communiquer entre eux. »
Vers 22 heures, quand le père et le fils descendent de leur poste
d’observation, la famille va se coucher. « Papa avait blindé les volets en
bois à l’aide de plaques de fer. Il disait : “J’ai plus peur le jour que la
nuit.” Effectivement, dès le lever du soleil, un anodin détour de chemin,
un banal fossé ou un rang de vigne familier pouvait s’avérer mortel. »
En juillet 1958, c’est en plein après-midi, alors que Louis Akermann
discute avec un marchand venu lui acheter de la volaille, qu’un Arabe en
djellaba se dirige vers eux à travers la campagne et essaie de leur tirer
dessus. « Heureusement, son pistolet-mitrailleur s’est enrayé et il s’est
enfui. Après cet incident, mon père s’est procuré une arme plus
perfectionnée. Il s’entraînait à viser sur des boîtes de conserve. Habile, il
ratait rarement sa cible. Les fellaghas du coin étaient au courant. Ils
n’osaient pas se frotter à lui. »
Un mois auparavant, le général de Gaulle, tout juste investi à la
présidence du Conseil par l’Assemblée nationale, s’était montré prodigue
en phrases apaisantes lancées aux foules algériennes qui l’acclamaient.
Le 4 juin, à Alger : « Je vous ai compris ! » Le 6 juin, à Oran : « La
France est ici pour toujours ! » et à Mostaganem : « Vive l’Algérie
française ! »… « Mes parents l’ont cru. Mon père écoutait attentivement
les informations à la radio. Les discours de De Gaulle le rassuraient. La
fermeté de ses propos tranchait avec les tergiversations des précédents