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9 mars 1965, déclare Joseph Belda décédé le 13 septembre 1962, jour de
son enlèvement, à Aïn el Arba. « Curieux jugement. Il a été rendu sans
qu’ait été établi un constat légal de la mort ou la connaissance du lieu de
sépulture du corps. »
Un matin, dans une rue d’Oran, José aperçoit la DS noire de son père.
Il la suit et la signale au commissariat. Des policiers algériens la
saisissent et l’envoient à la fourrière. « Je souhaitais la récupérer. Or, à la
fourrière, un fonctionnaire a exigé la carte grise. Je ne l’avais pas. Quand
je me suis présenté muni d’un duplicata, il n’y avait plus de véhicule.
J’allais le revoir dans la circulation transportant des officiers de l’ALN.
J’ai immédiatement saisi le consul et la Croix-Rouge, qui m’ont renvoyé
vers les autorités algériennes, celles qui paradaient dans la voiture de
mon père. On baignait dans l’absurdité. »
Le 30 octobre 1964, trois mois après sa sœur, José se résout à quitter
l’Algérie. Il atterrit à Bordeaux, aéroport le plus proche de Limoges, où
un oncle maternel a été rapatrié. « J’ai dit à ma mère que j’avais tout
tenté, que je ne pouvais rien faire de plus, que je devais penser à mon
avenir. » Elle prendra l’avion avec son frère, le 19 juin 1965, jour où
Houari Boumédiène, ministre de la Défense, renversera, par un putsch
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militaire, Ahmed Ben Bella, président de la République .
À peine à Bordeaux, José s’inscrit à la faculté de droit de Poitiers. En
1969, il épousera Lydie, une Châtelleraudaise. Ils auront deux fils, dont
l’un se retirera dans un monastère au Luxembourg, et deux petits-enfants.
« Bien que je n’aie toujours pas fait le deuil de mon père, ma femme m’a
permis d’évacuer le trop-plein de ressentiment. »
Après avoir enseigné pendant cinq ans à la faculté de droit de
Limoges, José et son épouse iront vivre en Afrique sub-saharienne où il
mènera des projets de coopération dans l’enseignement supérieur.
Sa mère décédera en 2008, à quatre-vingt-quinze ans. « Elle est
enterrée dans le cimetière de Landouge, près de Limoges où mon frère
s’était installé après l’Algérie. Sur sa tombe, j’ai fait graver son nom
et celui de mon père. »
Entre-temps, en 2004, la Direction des archives du ministère des
Affaires étrangères transmettra à José divers documents concernant son
père. Ainsi la fiche de renseignements, établie le 7 décembre 1962 par
l’ambassade de France : « Au moment de sa disparition, était vêtu d’une