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a conduits à ce suprême sacrifice, le doute affreux pesant sur les
consciences de tous les citoyens. »
L’auteur de ces lignes est amer. Le 11 mai 1958, dans le supplément
hebdomadaire Dimanche matin, il avait lancé cet appel à l’homme du
18 juin 1940 : « Parlez, mais parlez vite, mon général. »
Pendant plusieurs jours, la situation stagne. Les insurgés, ravitaillés par
la population, dans une ambiance bon enfant, campent sur les barricades,
les consolident, les surélèvent. Leur objectif : l’abandon du projet
d’autodétermination. Les parachutistes fraternisent avec eux.
Mardi 26. Michel Debré se rend discrètement à Alger où le colonel
Antoine Argoud, ancien chef d’état-major du général Massu, lui assène :
*
« Monsieur le Premier ministre, la détermination des gens que
vous avez en face de vous est totale. Il n’est pas question de tirer sur
des Français qui crient : “Vive l’Algérie française !” De toute façon,
si on me donne l’ordre de tirer, je ne l’exécuterai pas, je donnerai
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l’ordre à mes subordonnés de désobéir . »
Le général Salan écrit au général de Gaulle :
« Au moment où des événements tragiques, particulièrement
lourds de conséquences, ensanglantent notre terre d’Algérie, je
pense avoir le devoir, au nom des charges et des responsabilités que
j’ai assumées dans ce pays et des liens affectifs qui m’unissent à lui,
de venir vous demander très respectueusement, mais avec
insistance, de faire cesser cette lutte fratricide […].
Le désespoir, mon Général, commence à hanter l’esprit de
beaucoup d’Algériens, désespoir qui peut causer l’irrémédiable.
Pour notre armée, unie autour de ses chefs et qui, en toutes
circonstances, a su se montrer digne de son rôle, pour cette
population capable de tant de générosité et de courage,
d’attachement à la patrie, qu’il me soit permis, mon Général,