You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
À propos des prétentions des « dirigeants rebelles, installés depuis six
ans en dehors de l’Algérie et qui […]. se disent être le gouvernement de
la république algérienne », le général de Gaulle s’étonne :
« Ils prétendent ne faire cesser les meurtres que si, au préalable,
nous ayons avec eux seuls réglé les conditions du référendum et on
voit bien que cela peut être extensif, comme s’ils étaient la
représentation de l’Algérie tout entière. Cela reviendrait à les
désigner d’avance et à les faire désigner par moi-même comme les
dirigeants, comme les gouvernants de l’Algérie de demain. Encore
exigent-ils que, avant le vote, je ramène l’armée dans la métropole.
Eh bien, je dis que leur arrivée à Alger dans de pareilles conditions
ferait que l’autodétermination ne serait qu’une formalité dérisoire et
jetterait, même s’ils ne le voulaient pas, le territoire dans un chaos
épouvantable. »
Dans la soirée du 30 octobre, un terroriste a pénétré dans une maison
d’Erraguène et a abattu, au pistolet-mitrailleur, une mère et ses deux
enfants, dont un bébé dans son berceau. L’obscurité lui a permis de
s’enfuir. La veille, une jeep de la gendarmerie de ce coin de Kabylie où la
France, après cinq ans de travaux titanesques, venait d’achever la
construction d’un barrage hydroélectrique sur l’oued Djendjen, avait
sauté sur un obus de 155 piégé. Le 31 octobre, un jeune sous-lieutenant
e
du 43 régiment d’infanterie, Guy Doly-Linaudière, tout juste sorti de
Saint-Cyr, promotion « Terre d’Afrique », écrivait à sa mère :
« Nous suivons les événements avec attention. La situation dans
la France de De Gaulle est lamentable. Ici, elle est plutôt tendue
pendant ces jours de Toussaint, anniversaire de la rébellion […].
Les fells ont donné des consignes de terrorisme : ils ne sont bons
qu’à cela… »
Autre lettre, le 5 novembre :
« Il est bien certain que la situation militaire s’améliore sans
cesse en Algérie et qu’il n’y a guère que le Constantinois qui ne soit
entièrement pacifié. Mais la situation politique se détériore de plus
en plus avec l’indécision gouvernementale. Ou l’on part et il faut le