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aboutit à une conclusion totalement opposée. On ne comprenait pas.
On obtient la victoire militaire et on nous dit de laisser ce pays à nos
ennemis. Nous avons eu l’impression d’être trahis, ce qui explique
notre révolte militaire […]. Un soldat qui risque sa vie doit savoir
pourquoi il se bat. On ne peut pas lui demander de mentir vis-à-vis
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des populations. Ce doit être un homme de vérité . »
Inconsciemment ballottée par les chamboulements qui agitent le
monde des adultes, une fillette ne mesure pas la gravité des événements :
Geneviève. Le 14 juin 1962, loin des interventions du général de Gaulle
et des décibels yéyés, elle a fêté ses trois ans au milieu des siens : son
père, Cyr Jacquemain, magasinier à l’établissement régional du matériel
(ERM), sur la base aérienne 141 de La Sénia, sa mère, Huguette Perez,
qui attendait un quatrième enfant pour janvier 1963, sa grande sœur
Huguette, de deux ans son aînée, et sa cadette, Martine, née en 1961.
Le 5 juillet, il est 13 heures quand Cyr Jacquemain referme la porte de
leur appartement, cité Robespierre, dans le quartier Saint-Eugène, à Oran.
Il a déjeuné et repart à La Sénia. Avec lui, dans la voiture, une 403 noire,
immatriculée 822 EA 9G, un oncle de sa femme, Joseph Garcia… En
août 1963, rapport des délégués du CICR :
« A plus probablement été pris à un barrage par des énergumènes
déchaînés ce jour-là, au Petit-Lac vraisemblablement, puisqu’il
devait passer là. Remarque : piste sans suite, mort certaine. »
Cyr Jacquemain était né le 20 mai 1935 à Wallers, près de
Valenciennes, dans le Nord, d’un père chti, Rémy Jacquemain, employé à
l’ERM de la caserne Vincent, à Valenciennes, et d’une mère allemande
de la Sarre, Geneviève Feld. Après ses classes sur la base aérienne 103 de
Cambrai, il avait suivi une formation de mécanicien avion à l’école des
sous-officiers de l’armée de l’air de Rochefort et, une fois diplômé, avait
reçu sa première affectation sur la base d’Istres. À la fin de 1955, il avait
été nommé à La Sénia. En 1960, sergent, il avait démissionné de l’armée
pour un emploi de personnel civil sur la base.
Lors d’un bal à La Sénia, il avait rencontré sa future épouse, Huguette
Perez, nièce d’un de ses collègues, Joseph Garcia, soudeur. Les Perez :
une famille espagnole qui s’est enracinée en Algérie. Les premiers, des