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Tout aussi infructueuse : son approche de l’amicale des anciens du
e
22 RIMA. « En 2012, je suis allé à Vannes où est cantonné le régiment.
Sans résultat. On a refusé de me donner les coordonnées de l’officier qui,
à l’époque, le commandait. Il était, depuis, devenu général. On m’a
asséné : “On ne dérange pas comme ça un général”, autrement dit pour
des broutilles. On remisait mon frère dans la catégorie des futilités qui
n’ont pas à importuner un haut gradé. » Quant aux familles des trois
compagnons d’infortune de Michel, « elles préfèrent ne pas raviver les
plaies ». À l’exception du frère du sergent Brillouet, un ancien gendarme.
« Lui non plus n’a rien trouvé. »
Ayant appris qu’après le 5 juillet 1962, des charniers avaient été
découverts dans la zone du Petit-Lac, à la périphérie d’Oran, Raoul a
suggéré au ministère des Affaires étrangères que ce qui restait de la
dépouille de son frère s’y trouvait peut-être. Il était prêt à s’y rendre.
« On m’a rétorqué que c’était difficile de différencier les cadavres des
militaires de ceux des civils. Or les premiers portent sur eux une plaque
d’identité. En outre, on m’a fait comprendre que les relations entre la
France et l’Algérie n’étant pas au beau fixe, il n’était pas recommandé
que mon entêtement abîme la coopération qui unit nos deux pays. »
Ancien militaire, Raoul est scandalisé par l’indifférence de la France à
l’égard de ses soldats. « Au Vietnam, les Américains n’ont jamais
interrompu les recherches sur leurs disparus. Ils continuent à enquêter.
C’est, également, ce qu’ont longtemps fait les Soviétiques en
Afghanistan. En France, Rien. Il a fallu quarante-huit ans pour qu’un
étoilé, le général Fournier qui, en 2014, a créé l’association SOLDIS,
s’empare du sujet. Malgré son dévouement et sa bonne volonté, je doute
qu’il réussisse. Aujourd’hui, tout le monde se fout de notre malheur. »
En 2000, une lettre datée du 7 novembre du ministère de la Défense lui
apprend que sa demande de délivrance, « à titre posthume », du « titre de
reconnaissance de la Nation » instauré par un décret du 28 mars 1968 est
rejetée. Explication du chef du bureau des titres et de statuts :
« Je dois vous préciser que la délivrance de ce diplôme est
subordonnée à la condition expresse que les personnes décédées
aient disposé d’un droit de regard des dispositions législatives ou
réglementaires en vigueur au moment de leur décès. »