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meilleure amie qui était en France. Soudain, depuis un camion qui
remontait la rue à toute vitesse, des gendarmes mobiles se sont mis à
mitrailler dans tous les sens. Les parents de ma copine se sont jetés à
terre. Moi, j’ai couru me mettre à l’abri dans une petite rue, tenaillée par
la hantise de ressentir une brûlure dans le dos, une balle qui m’aurait
touchée. Un autre jour, des militaires ont perquisitionné l’appartement de
ma mère, rue Lamartine. Ils ont tout fouillé, les armoires, les commodes,
les placards. Ils ont renversé des meubles, cassé des objets. Des brutes !
Écœurée, ma mère a pris les médailles de mon grand-père dans un tiroir
et les a jetées par la fenêtre en criant : “Il s’est battu contre les
Allemands, a défendu la France. Il a été grièvement blessé. Vous n’avez
pas honte ?” Un tel comportement de la part de soldats français la
révoltait. »
Après-midi du 5 juillet 1962. Marie-Claude s’envole vers la métropole.
Elle a attendu quatre jours et trois nuits, à La Sénia, l’aéroport d’Oran,
qui grouille de familles éperdues. Avant d’obtenir l’autorisation de
monter dans un appareil, elles sont parquées sur le parking et dans le hall,
sans eau, sans nourriture. Chaos de valises et de détresse devant un
avenir incertain. « Mon père m’avait mise à l’abri dans la guérite de la
météo, où il connaissait des gens. Quotidiennement, il venait me faire un
petit coucou, s’assurer que je n’avais besoin de rien. Il m’avait inscrite à
un séjour linguistique en Angleterre. Mais, auparavant, j’avais prévu une
escale à Marseille, où ma mère venait de s’installer. Toutefois, on ne
pouvait pas choisir sa destination. Des employés de l’aéroport nous
distribuaient des numéros et, à l’appel du sien, on embarquait dans le
premier avion qui se présentait. Résultat : je me suis retrouvée dans un
avion d’une compagnie anglaise et j’ai atterri à Lyon, où il m’a fallu
prendre un train pour Marseille. »
Ce 5 juillet 1962, à La Sénia, personne ne se doute des tueries dans les
rues d’Oran. Une vaste « piednoirade », qui, après celle de Sétif et de la
Petite-Kabylie, en mai 1945, et celle du Constantinois, en août 1955,
ensanglante la deuxième ville de l’Algérie. Personne n’imagine que des
corps de « roumis » remplissent par dizaines des charniers au Petit-Lac,
un quartier des faubourgs.
Dans la nuit, à « 2 heures du matin », le « vendredi 6 juillet », le souslieutenant
Guy Doly-Linaudière, du 43 régiment d’infanterie, décrit
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à