21.07.2022 Views

Algérie, les oubliés du 19 mars 1962

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Paul Teuma

Disparu le 5 juillet 1962 à l’âge de 44 ans

Longtemps, Marie-Claude Teuma a espéré le retour de son père. « Des

années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, on a découvert des

soldats japonais qui erraient sur des îles désertes ou dans des forêts

profondes. Ils ignoraient que leur pays avait capitulé. Après

l’écroulement du bloc soviétique, sont réapparus des hommes et des

femmes qui avaient été retenus derrière le rideau de fer. Pourquoi, une

fois l’Algérie ancrée dans son indépendance, mon père n’aurait-il pas été

libéré par ses geôliers ? Pourquoi ne serait-il pas revenu parmi les siens ?

Tant qu’on n’a pas vu le cadavre de l’être cher, tant qu’on ne l’a pas

glissé dans une tombe, on refuse d’admettre sa mort. » Aujourd’hui,

Marie-Claude Teuma a cessé d’attendre. « L’espoir s’est éteint quand j’ai

pris conscience que l’âge de mon père interdisait toute illusion. Il avait

quarante-quatre ans lors de sa disparition. Il lui aurait été impossible de

survivre longtemps aux conditions de détention que le FLN infligeait à

ses prisonniers, quand il ne les tuait pas d’emblée. »

Bien que pied-noir, Paul Teuma était né à Carcès, dans le Var, le

30 juillet 1918. Ses parents, François Teuma, un Algérois dont le père

avait émigré de Malte, et Laure Brun, une jeune fille de Draguignan,

s’étaient rencontrés lors du mariage d’une cousine à Comps-sur-Artubie,

au-dessus de Draguignan, aux portes des gorges du Verdon. Le couple

était resté un temps en métropole, François travaillant notamment à

Marseille, puis il était rentré au pays avec l’enfant.

Paul Teuma épousera Suzanne-Élisabeth Vigne, née à Douera, entre

Alger et Blida, un ancien camp et hôpital militaire aménagé dès 1830 sur

un promontoire dominant la plaine de la Mitidja, qui n’est devenu

commune de plein exercice qu’en novembre 1951. Officier de chasseurs

alpins, le père de Suzanne-Élisabeth Vigne y était cantonné. « Il avait fait

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!