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ordres du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, ancien résistant,
déporté à Buchenwald, s’empare du Gouvernement général, en bordure
du Forum, de l’hôtel de ville, boulevard Carnot, de l’immeuble de la
radio, boulevard Bru, et de l’aéroport de Maison-Blanche. Les généraux
Maurice Challe, Edmond Jouhaud et André Zeller, nommé chef d’étatmajor
de l’armée de terre lors du retour du général de Gaulle en 1958, ont
décidé de prendre le contrôle de la ville. Leur but : faire plier le président
de la République.
Samedi, France V, rebaptisée « Radio France », diffuse un message du
général Challe aux forces armées :
« Officiers, sous-officiers, gendarmes, soldats, marins, aviateurs
des forces françaises d’Algérie, ici le général Challe qui vous parle.
Je suis à Alger avec les généraux Zeller et Jouhaud et en liaison
avec le général Salan pour tenir notre serment, le serment de
l’armée de garder l’Algérie, pour que nos morts ne soient pas morts
pour rien. Un gouvernement d’abandon a prôné successivement
l’Algérie française, l’Algérie dans la France, l’Algérie algérienne,
l’Algérie indépendante associée à la France. Il s’apprête aujourd’hui
à livrer définitivement l’Algérie à l’organisation extérieure de la
rébellion. Voudriez-vous renier vos promesses ? Abandonner nos
frères musulmans et européens ? Abandonner nos cadres, nos
soldats et nos supplétifs musulmans à la vengeance des rebelles ?
Voulez-vous que Mers el Kébir et Alger soient demain des bases
soviétiques ? Voulez-vous, une fois de plus, la dernière, amener
votre drapeau ? Alors, vous auriez tout perdu, même l’honneur… »
Dimanche 23 avril, en fin de matinée, le général Salan, surnommé « le
Mandarin », arrive de Madrid, accompagné de son aide de camp, le
capitaine Jean Ferrandi, qui l’a suivi en Espagne, et de Jean-Jacques
Susini.
À 20 heures, le général de Gaulle, en uniforme, apparaît à la télévision.
Son ton est grave :
« Un pouvoir insurrectionnel s’est établi en Algérie par un
pronunciamiento militaire. Les coupables de l’usurpation ont
exploité la passion des cadres de certaines unités spécialisées,